250103 - MUS DIA IND - N°175 - OFFENBACH - LES CONTES D'OFFMANN - SOLISTES, CHŒUR ET ORCHESTRE DE L'OPÉRA-COMIQUE, ANDRÉ CLUYTENS

 



175 - 250103 - MUS DIA IND - OFFENBACH - LES CONTES D'OFFMANN - SOLISTES, CHŒUR ET ORCHESTRE DE L'OPÉRA-COMIQUE, ANDRÉ CLUYTENS




Offenbach étant mort avant d'avoir fini et ordonné la partition de ses Contes d'Hoffmann, c'est Ernest Guiraud qui fut chargé de la rendre « viable ». En février 1881, les premiers spectateurs découvraient un ouvrage largement mutilé : outre d'importantes coupes dans le prologue et l'épilogue (qui se déroulent dans une taverne de Nuremberg), tout le dernier acte – celui de Giuletta, la courtisane vénitienne, chez qui le poète fait voler son reflet – était passé à la trappe. N'en subsistait que la Barcarolle, glissée entre les actes d'Olympia (la poupée mécanique qui termine fracassée) et d'Antonia (la jeune phtisique qui meurt d'avoir chanté).

En 1907, la partition publiée par les éditions Choudens transforme les dialogues parlés en récitatifs (composés par Guiraud), insère l'air « Scintille diamant » (ajouté par Gunsbourg), rétablit l'acte de Giuletta, certes condensé et intercalé entre ceux d'Olympia et d'Antonia.

C'est cette version que documentent Les Contes d'Hoffmann gravés en mars 1948. Le disque précédait leur reprise salle Favart, dans une mise en scène réglée par Louis Musy et sous la baguette vif-argent d'André Cluytens. La distribution réunit une « troupe » soudée par l'esprit de théâtre, le relief et la couleur du mot : chacun, ici, joue autant qu'il chante.

Alors titulaire du rôle au Met, Raoul Jobin campe le plus percutant et le plus candide des poètes. On aime l'inquiétude qui perce dans ce sourire exalté.


Démons enjoués

Car le malin rôde, se démultiplie autour d'Hoffmann : le conseiller Lindorfff (incarné avec autorité par Louis Musy) finira par lui ravir la cantatrice Stella, Copélius (le bouillonnant André Pernet) fracassera l'automate Olympia, le capitaine Dapertutto (Charles Soix, cynique à souhait) volera son reflet au poète et fera tuer Schmémil (Charles Cambon). Et révérence au docteur Miracle de Roger Bourdin, qui brûlera, à sa flamme démoniaque, les dernières forces d'Antonia.

A brève apparition de Stella étant confiée à une comédienne, trois sopranos se partagent les autres visages de l'aimée. Les aigue métalliques d'Olympia ? De la gnognote pour la jeune Renée Doria. L'Antonia de Géori Boué, elle aussi en sa vingtaine, se consume avec une angoissante intensité. Giuletta échoit à une Vina Bovy entre deux âges, épatante de rouerie, de séduction carnassière.

Le fidèle Nicklausse a la gouaille de Fénély Revoil, les étudiants se comment Camille Maurane et Raymond Amade, l'aubergiste André Vessières – quel luxe ! Enfin, les quatre valets sont distribués à un trial plus vrai que nature, tout en nuances : Bourvil, dont Guy Dumazert louait dans Images musicales le « timbre crapuleux », la « veulerie saugrenue ». Un moment historique ? Une leçon.

François Laurent






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