250116 - MUS QZD - JORGE BOLET - COMPLETE DECCA RECORDING

 





250116 - MUS QZD - JORGE BOLET - COMPLETE DECCA RECORDING






JORGE BOLET

Piano

« Jorge Bolet, Complete Decca Recordings »

Decca, (26CD).









Jorge BOLET

Piano

« Art of Jorge Bolet »

Ricercar.

LISZT – 6 Consolations

CHOPIN – 24 Préludes

SCHUBERT – Fantaisie "Wanderer"

LISZT – 12 Études d'exécution transcendante

LISZT – 2 Études de concert

GRIEG – Concerto pour piano op. 16





L'héritier


Entre 1977 et 1990, Jorge Bolt édifie pour Decca un legs fabuleux et personnel, où défilent les ombres de ses maîtres et idoles : Léopold Godowsky, Josef Hofmann, Serge Rachmaninov ...









C'est seulement la soixantaine passée, son triomphe à Carnegie Hall en 1974 ayant donné des idées à Decca, que Jorge Bolet put enfin s'engager sur le long terme avec une maison de disques pour édifier le grand œuvre pianistique que réclamaient sa sonorité de velours et sa technique immaculée. Un coffret de 26 CD rassemble, classés par ordre chronologique, les fruits de cet automne fertile, avant que l'épidémie de Sida n'emporte le musicien le 16 octobre 1990.

Né à La Havane le 15 novembre 1914, Bolet mena une carrière quelque peu bousculée. Au Curtis Institute, Josef Hofmann le confie à David Saperton. Ce dernier l'envoie ensuite se perfectionner auprès de son beau-père Léopold Godowsky, et lui fait rencontrer Rachmaninov. Le jeune homme se produit, dès la fin des années 1930, aux États-Unis et en Europe. Pendant la guerre, il se bat d'abord sous l'uniforme cubain ... puis dans l'armée américaine ! Membre des forces d'occupation, il dirige la première japonaise du Mikado de Gilbert & Sullivan. Longtemps le pianiste se voir reprocher par la critique américaine sa virtuosité romantique. Tout change donc en février 1974 : deux jours après le fameux récital, le New York Times sacre en Bolet le digne héritier « des géants du passé ».

Soleil et douceur

Le coffret met l'ensemble Liszt (9CD), essentiel mais bien connu, en perspective avec le reste des enregistrement de l'artiste, réédités jusqu'ici de façon plus épars. Comme un emblème, sa collaboration avec Decca est lancée en 1977 par un exercice de haute voltige : Les Études et Valses de Chopin revisitées pâr Godowsky, manière de rappeler de qui il était le descendant. Bonheur également de retrouver les couplages d'origine, comme ce fascinant jeu de miroirs entre les Variations Handel de Brahms et les Telemann de Reger en 1980, ou ce « Live » d'une folle intensité, capté le 4 avril 1988 à Montgomery (dans l'Alabama), au cours duquel même les quelques fausses notes semblent tomber naturellement.

Partout, on est impressionné par ce piano flamboyant, mélange de soleil et de douceur, à la vocalité contagieuse. Camouflant les difficultés techniques sous de véritables scènes de théâtre, il est capable en deux accords de créer de saisissantes atmosphères (certains Préludes de Debussy sont, à cet égard, de petits bijoux). Les pépites abondent, chez Liszt bien sûr, comme dans les lieder de Schubert pour l'île déserte, d'enivrantes paraphrases d'opéra, de somptueuses Années de pèlerinage (la première et la deuxième, mais malheureusement pas la troisième ...), une Bénédiction de Dieu dans la solitude à faire pleurer des pierres, mais aussi, outre les disques déjà cités, un chatoyant Carnaval de Schumann, une Barcarolle de Chopin en apesanteur, les Préludes du même, les deux triptyques de Franck, et une galerie de bis qu'on engloutit comme un paquet de bonbons. Sans oublier un Concerto n°3 de Rachmaninov d'anthologie, avec Ivan Fischer et le London Symphony.

On passera alors rapidement sur la lassitude ou la fatigue qui marquent certaines sessions, notamment les dernières années. Fallait-il vraiment inclure, enregistrés les 23 et 24 février 1990 par un artiste déjà affaibli par la maladie, ces Nocturnes de Chopin jusqu'ici inédits ? Étirés au maximum, ils sonnent curieusement éteints et ouatés. Laissons ce bonus dispensable, tant ce coffret nous rappelle partout ailleurs quel orfèvre de la couleur et du détail était Bolet, l'un des derniers survivants d'un âge d'or disparu avec Shura Cherkassky.


Laurent Murano




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