50112 - MUS QZD - DELVINCOURT - QUATUOR À CORDES & QUINTETTE AVEC PIANO - QUINTETTE SYNTONIA

 





250112 - MUS QZD - DELVINCOURT - QUATUOR À CORDES & QUINTETTE AVEC PIANO - QUINTETTE SYNTONIA






CLAUDE DELVINCOURT

1888-1954

« Quintette avec piano & Quatuor à cordes »

Quintette Syntonia

Ciar Classics.

DELVINCOURT – Quatuor à cordes

DELVINCOURT – Quintette avec piano






TECHNIQUE : 3,5/5

Enregistré en septembre et octobre 2022 dans l'Auditorium Marcel Landowski, à Paris par Juliette Carpentier-Dupont. Un quatuor à cordes en gris plan, aux couleurs chaleureuses et dont la restitution souligne la cohésion. Dans le quintette, le piano manque de définition, accentuant la compacité de l'image.





Claude Delvincourt est encore un élève de Widor au Conservatoire lorsqu'il compose, en 1908, un Quintette avec piano en ut dièse mineur. La personnalité du langage est encore floue (planent les ombres de Fauré, Chausson et Vierne), même si certaines bizarreries rythmiques chatouillent déjà l'oreille, si séduit le lyrisme intense, parfois fantasque, qui anime d'un bout à l'autre cette vaste partition. D'autant que chacun des quatre mouvements varie les atmosphères avec un vrai sens du rebond. L'Allegro ma non troppo initial combine ainsi un thème solennel, exposé par les cordes à l'unisson, et un autre à la fraîcheur toute primesautière – le violoncelle y joue ça et là les primas donnas. Au milieu d'un Vivace scherzando tout en pirouettes et pizzicatos endiablés, un peu bastringue, passe le rêve d'une valse alla Saint-Saëns. Effet superbe.

Les harmonies raffinées des deux derniers mouvements prolongent ce climat onirique. D'abord dans un Andate espressivo où les archets rivalisent d'effusions amoureuses entre deux brèves réminiscence des mouvements précédents. Puis dans un Allegro agitato, où les cordes s'élancent en tourbillons inquiets au-dessus d'un piano qui galope et rugit.

Quatre décennies, un prix de Rome (partagé en 1913 avec Lili Boulanger) et deux guerres séparent le juvénile quintette avec piano du quatuor à cordes composé par le très aimé directeur du Conservatoire. Créée en 1954 par le Quatuor Perrenin, qui l'enregistra peu après pour Ducretet, cet opus ultime est construit en deux mouvements, eux-mêmes en deux parties enchaînées. Ses thèmes escarpés, ses rythmes serrés et superposés, ses lignes d'une grande indépendance montrent que Delvincourt n'est pas resté sourd aux apports de la seconde école de Vienne. Malgré cette densité polyphonique et l'austérité du matériau mélodique, le discours frappe par sa souplesse et ses envolées au-delà des nuages (Adagio estatico), d'un ravelisme épuré à l'extrême. Delvincourt étonne aussi par le caractère grinçant de ses espiègleries : un air populaire s'immisce à plusieurs reprises dans les entrelacs du Presto avant de ressurgir dans le finale, Allegro assai par ailleurs coloré de glissandos et de déhanchés jazzy.

On s'incline devant la prise de risques du Quintette Syntonia, qui investit avec le même tact, la même ferveur, deux œuvres aux styles si différents. Le grand geste frémissant, plein d'urgence, avec lequel il embrase le quintette, fait oublier quelques fragilités. Quand les Parrenin tendaient les lignes du quatuor et en affûtaient les rythmes jusqu'à la véhémence, les Syntonia y respirent plus large, affinent le trait et creusent davantage les contrastes. Une splendide redécouverte.



François Laurent




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