250202 - MUS DIA IND - N°175 - CHOPIN - PRÉLUDES & BALLADES - CLAUDE ARRAU

 





250202 - MUS DIA IND - N°175 - CHOPIN - PRÉLUDES & BALLADES - CLAUDE ARRAU









Plus que dans ses deux gravures en studio (Sony puis Philips), Claudio Arrau a livré en concert des versions de référence des Vingt-quatre préludes de Chopin. Bertrand Boissard s'émerveillait ainsi de la « puissance tragique à l'ampleur démesurée » déployée dans un concert capté à Prague au printemps 1960. « Comme possédé, poussé par un feu qu'on lui a rarement connu, il use d'un rubato particulièrement audacieux, mis au service d'une expressivité douloureuse. Bouleversant. » Ces qualités, on les retrouve dans un autre récital donné le 12 mars 1960 à Ludwigsburg et immortalisé par les micros de la SWR dans un son légèrement supérieur à celui de l'album publié par ARP.

Dès le n°1, Arrau nous emporte par un flux bousculé juste ce qu'il faut que contrebalancent, dans le n°2, une rigueur et des dynamiques millimétrées – la couleur du motif à la main gauche ! L'équilibre souverain du n°3, la déclamation bien timbrée du n°4 – le pianiste était grand amateur d'opéra, admirant Maria Callas et Dietrich Fischer-Diskau -, l'allure de la toccata du n°5 sonnent ici avec la force de l'évidence.

Dramaturgies

Partout nous suspendent la respiration et le poids conférés aux notes, accords, phrases, la dramaturgie des enchaînements – la mazurka du n°7 se ressent encore du joug du n°6, le frissonnement progressif du n°6 de l'allègement du n°7, etc. Nous fascinent, partout également, ce sens de la polyphonie qui éclaire maint détail, cette maestria technique faisant surgir des teintes aussi diverses d'un piano devenu l'univers entier.

Arrau nous réserve bien des surprises au gré d'une partition que l'on croyait connaître. Ah, le caractère quasi mutin de ce n°12, « implacable chevauchée, nerveuse et chromatique » selon Brigitte François-Sappey ! Ce n°14 qui paraît annoncer les Tableaux d'une exposition de Moussorgski ! Les échos de Mendelssohn et Schumann sont bien dans les n° 17 et 18. Et cette perfection formelle du n°15 dont le chant, « la goutte d'eau » et la liberté ne cessent de nous étourdir ! Le sens de l'architecture nous vaut aussi un n°24 dont l'appassionato s'équilibre avec une hauteur de vue digne d'un tragédie antique.

Du même programme que cet Opus 28, nous avons également retenu deux Ballades. Écoutez comme le pianiste cisèle le chant et la polyphonie au début de la n°4, comme les nuances sont étudiées, comme le rubato parle et raconte ! Rien d'affecté, mais au contraire une impression de naturel, une fluidité dans le discours.

C'est aussi cette merveilleuse progression, cette variété des atmosphères alliée à un brillant bien de circonstance qui nous ont séduit dans l'Andante spianato et grande polonaise glissé en fin de parcours, bonus souriant après les affres des Préludes.

Loïc Chahine











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