250316 - MUS QZD - RAVEL - LES CHEFS-D'ŒUVRE - LA DISCOTHEQUE IDEALE DE DIAPASON
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250316 - MUS QZD - RAVEL - LES CHEFS-D'ŒUVRE - LA DISCOTHEQUE IDEALE DE DIAPASON
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MAURICE RAVEL 1875-1937 « Les chefs-d'œuvre » La Discothèque idéale de Diapason, (10CD).
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MAURICE RAVEL 1875-1937 « Boléro, Rapsodie espagnole, Ma mère l'Oye » Berliner Philharmoniker, Pierre Boulez. DG. RAVEL – Boléro. RAVEL – Rapsodie espagnole. RAVEL – Ma mère l'Oye.
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Le Tombeau de Ravel
Une somme de gravures légendaires, assortie de raretés, dresse un panthéon aussi riche que divers : le trente-deuxième coffret de notre discothèque idéale celèbre Maurice Ravel.
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Deux enregistrements très contrastés du Boléro bornent le volet orchestral. À la lenteur hypnotique qu'assume, à Paris en 1953, Pedro de Freitas Branco (très apprécié par Ravel, le chef se régale des couleurs crues et acidulées du National) répond le « mécanisme » musclé de Serge Koussevizki à Boston en 1930. Ernest Ansermet rend aux Valses nobles et sentimentales comme à la Rhapsodie espagnole, en 1957, leur peinture de caractère avec une netteté rare dans le dessin mélodique comme dans l'éclat. Pour Ma mère l'Oie, c'est la troisième gravure d'André Cluytens qu'Hugues Mousseau emportait sur l'île déserte. On retrouve ses raffinements, son geste souple dans Une barque sur l'océan mais aussi dans les deux concertos avec Samson François en 1959, références incontournables. Quelle différence, dans le Main gauche, avec le jeu pointu de Jacques Février, préparé par Ravel pour délivrer en 1937 une exécution enfin conforme à ses attentes ! Vingt ans plus tard, Georges Tzipine apparie idéalement le National à cette vision très Art déco. Dans Tzigane et sa course diabolique, voici le violon flamboyant de Michèle Auclair, capté à la radio de Leipzig en 1960. Ce grand geste de parade, ce lyrisme fiévreux, ces glissades et accents racoleurs, ces prises de risques insensées excusent un son un peu fruste. Archaïsme modernisé Le ballet Daphnis et Chloé revient à son créateur, Pierre Monteux. À quatre-vingt-quatre ans, il en signe la gravure la plus juvénile. La féerie du « Decca Sound », en 1959, ouvre la perspective, flatte l'éloquence si vive et colorée du London Symphony. Leur Pavane pour une infante défunte, mélancolique et noble, douce et feutrée, tranche avec celle ciselée en 1932 par l'ami Freitas Branco. Cet « archaïsme modernisé », que suggèrent les frictions de timbres assumées, Manuel Rosenthal (disciple chéri de Ravel) le reprend à son compte en 1959, à l'Opéra de Paris, dans un Menuet antique qui griffe et qui gronde. La même année, Paul Paray règle à Detroit un Tombeau de Couperin conjuguant précision, sens du rythme et amour de la couleur : un autre must. En 1956, Ataulfo Argenta dessine l' Alborada del gracioso d'un trait tout aussi aiguisé, grinçant, avec une pointe de noirceur qui fait mouche. La Valse, donnée par Kiril Kondrachine et son Philharmonique de Moscou au seuil des années 1960, subjugue par le relief, la pulsation, le piqué du détail, le caractère : un « tourbillon fantastique et fatal », comme le souhaitait Ravel. D'autres incontournables vous attendent côté chambriste. Comme le Quatuor par les Italiano, le Trio par Jascha Heifetz, Gregor Piatigorsky et Arthur Rubinstein, Tzigane par Ginette Neveu avec son frère au piano. L'Introduction et allegro, dans lequel se rencontrent en 1955 la harpe de Lily Laskine, la flûte de Jean-Pierre Rampal, la clarinette d'Ulysse Delécluse et les archets du Quatuor Pascal (qui s'autorisent de discrètes glissades), éblouit lui aussi par la richesse de ses contrastes. Valeurs sûres Avec quelle ardeur juvénile Vineta Sareika et Christian La Marca empoignent la Sonate pour violon et violoncelle, magnifique interprétation empruntée à un album du trio Dali – un grand merci à Fuga Libera ! Avec quel lyrisme intense Jeanne Gautier et Yvonne Lefébure investissent les lignes décantées de la Sonate pour violon et piano ! On succombe à ce Blues cubiste, à ce Perpetuum mobile, boîte à musique dont on semble forcer le ressort pour la faire jouer toujours plus vite. Bertrand Boissard et Laurent Muraro ont scrupuleusement passé au tamis les enregistrements consacrés au piano de Ravel. Dans Gaspard de la nuit, le premier a ainsi élu Arturo Benedetti Michelangeli en concert à Prague le 29 mai 1960, interprétation pour lui « de loin la plus ravageuse, beaucoup plus rapide et engagée qu'à Londres en 1959, et peut-être la plus impressionnante de toutes ». Dans Le Tombereau de Couperin, le second a jeté son dévolu sur Samson François en 19*58 pour « son imagination débridée, et quelle Toccata, mon Dieu ! » Nos deux experts ont été emballés par les gravures de Marcelle Meyer. « Un idéal de précision, d'élan, de force et de finesse mêlées » dans les Valses nobles et sentimentales, s'enthousiasme Bertrand Boissard. Clarté de l'élocution, énergie concentrée, subtilité des coloris : la pianiste règne aussi, « sans contestation possible » nous dit Laurent Muraro, sur les Miroirs. Quelques bonus seront l'occasion de fructueuses comparaisons. Alfred Cortot et Martha Argerich répondent à Marcelle Meyer dans Jeux d'eau, Claudio Arrau et Dinu Lipati lui font pendant pour Alborada del gracioso : toutes ces pépites sont à connaître. C'est, à quatre mains avec son époux Robert Casadesus, que vous retrouverez Gaby en 1951 dans Ma mère l'Oye – lecture dominée par un sens du récit étonnant d'énergie. Encore des bonus ? Le légendaire premier Scarbo de Samson François (en 1947) voisine avec deux témoignages difficiles à trouver, laissés par des pianistes ayant, comme Vlado Perlemuter (qui vous attend dans la Sonatine), travaillé avec le compositeur : Jacques Février fait papillonner d'insaisissables Noctuelles en 1942 et Henriette Faure joue très pointu, en 1958, la Forlane du Tombeau de Couperin. Luxueuse alternative Ni Enfants et les sortilèges, ni Shéhérazade, ni Don Quichotte à Dulcinée ? Parce que ces différents chefs-d'œuvre ne sont toujours pas entrés dans le domaine public. Mais pour le reste, quelle moisson, là encore ! Alternative à L'Heure espagnole dirigée en 1952 par André Cluytens (trésor récent de nos Indispensables), voici celle d'Ernest Ansermet en 1953. Là encore, que de caractère à l'orchestre ! Suzanne Danco a la couleur requise par Concepcion. Si elle « chante » un peu trop le rôle (la « Pitoyable aventure » gravée par la créatrice Fanny Heldy en 1930 montrait pourtant la voie), comment résister à ce petit vibrato, à ce verbe tour à tour mordant, léger, inquiet, caressant, agacé ? Et quels partenaires ! Le Ramiro de Heinz Rehfuss est un charmeur qui s'ignore, à la fois humble, candide, plein d'allure. Le Gonzalve solaire de Paul Derenne est la préciosité même, le Don Inigo d'André Vessières ajoute l'élégance à l'autorité du personnage, etc. Danco et Ansermet détaillent avec le même soin, en 1954, les Trois poèmes de Mallarmé, tandis que Victoria de los Angeles s'impose avec chaleur dans deux rares captations de concert : des Mélodies hébraïques avec l'Orchestre National et Paul Kletzki à Paris en 1955, et la plus anecdotique Vocalise en forme de habanera, chantée à New York l'année précédente. Quant à Gérard Souzay, il soupire comme personne, en 1958, Ronsard à son âme. Tout un art du mot Irma Kolassi se taille la part du lion dans les mélodies avec piano : son mezzo frémissant illumine les Cinq mélodies populaires grecques (dans leur langue d'origine), les Chansons madécasses et deux autres mélodies. En 1958, Denise Duval fait du Noël des jouets une véritable saynète dramatique, appuyée contre le piano de Poulenc, comme vingt-deux ans plus tôt Pierre Bernac pour Sainte et Sur l'herbe : merveilles de ciselure. Outre Camille Mauranne pour Ronsard à son âme, revoici enfin les Histoires naturelles d'Hélène Bouvier, trésor d'humour pince-sans-rire issu d'un récital public de 1959. Charles Panzéra n'a fixé au disque que trois des Quatre chants populaires en 1928. La Chanson italienne qui manquait à l'appel, c'est Lisa Della Casa qui nous l'offre en 1957. Tendez l'oreille au Kaddish de Madeleine Grey en 1928 : envoûtant, il nous sans doute à entendre au piano (le flou subsiste mais l'espoir est permis) le compositeur lui-même ... Taillé dans un splendide velours, le Kaddish de Bernard Kruysen est détaché, comme L'Énigme éternelle et Un grand sommeil noir, d'un album ficelé par le baryton en 1973 pour Valois, et partagé avec le clavier de Noël Lee – un grand merci à Naïve. Et un grand merci à Arion pour les Trois chansons gravées en 1993 chez Pierre Verany, par le jeune Chœur Accentus, complément d'un superbe disque Poulenc. D'une génération l'autre, palpite un art du mot et de la couleur.
François Laurent
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