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JOYLAND
»
de
SAÏM
SADICQ
2022
– Pakistan, États-Unis
avec
Ali Junejo, Rasti Farooq, Alina Khan, Sarwat Gilani, Salmaan
Peerzada, Sameer Sohail, Sania Saeed
1
h 45
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Au
Pakistan, un jeune homme marié débute une liaison avec une
artiste transgenre... Glissant de la chronique familiale au drame,
un superbe premier film pakistanais, récompensé du prix du jury
à Cannes.
Marié
à Mumtaz, maquilleuse dans un salon de beauté, Haider partage la
maison paternelle, à Lahore, avec la famille de Saleem, son frère
aîné. Ce dernier ayant trois filles, le patriarche attend avec
impatience l’héritier mâle que son cadet et sa belle-fille
tardent à lui apporter. Sans emploi, Haider s’occupe des tâches
ménagères et des repas dont il régale la tribu et les collègues
de sa femme. Pressé par son père de trouver un travail, le jeune
homme accepte de passer une audition en tant que danseur dans un
cabaret érotique où se produit Biba, une chanteuse transgenre.
Au premier regard, il s’en éprend…
Audace
et subtilité
Premier
long métrage venu du Pakistan à être présenté en sélection
officielle à la section cannoise "Un certain regard",
où il a remporté le prix du jury en 2022, Joyland
est
aussi le premier film de Saim Sadiq, réalisateur pakistanais tout
juste trentenaire. Sentiments, désirs, droit d’être soi-même
mais aussi poids du patriarcat, de la religion et du regard social
: jouant d’audace et de subtilité, Joyland
interroge
la place des hommes, des femmes et des personnes trans dans la
société pakistanaise. Alors que Haider accepte un emploi jugé
déshonorant qu’il tiendra secret, Mumtaz, son épouse, est
forcée de quitter le sien pour être renvoyée à sa fonction
domestique et procréatrice, tandis que la volontaire Biba
n’aspire qu’à se faire aimer en tant que femme. Les cartes
ainsi rebattues font basculer la chronique familiale apparemment
harmonieuse dans un drame à l’issue tragique. Sous la pression
des groupes islamistes, le ministère de l’Information
pakistanais avait in
extremis
annulé
la sortie en salle du film pour son "contenu
très contestable"
avant de revenir sur sa décision à la suite du verdict rendu par
le bureau de la censure. Si le Pakistan a été en 2009 l’un des
premiers pays à reconnaître un "troisième sexe" –
par une loi protégeant notamment la communauté des khawaja
sira,
héritières des eunuques jadis respectés dans l’Empire moghol
–, la situation des personnes trans y demeure critique : nombre
d’entre elles continuent d’être mises au ban et doivent
encore mendier ou se prostituer pour survivre.
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