250416 - MUS QZD - SCHUMANN - LES TROIS SONATES POUR VIOLON ET PIANO - ALINE IBRAGIMOVA, CEDRIC THIBERGIEN

 





250416 - MUS QZD - SCHUMANN - LES TROIS SONATES POUR VIOLON ET PIANO - ALINE IBRAGIMOVA, CEDRIC THIBERGIEN







ROBERT SCHUMANN

1810-1856

« Les trois sonates pour violon et piano »

Aline Ibragimova (violon), Cédric Thiergien (piano).

Hyperion

SCHUMANN – Sonate n°1 pour violon et piano en la mineur, Opus 105

SCHUMANN – Sonate n°2 pour violon et piano en mineur, Opus 121

SCHUMANN – Sonate n°3 pour violon et piano en la mineur




TECHNIQUE : 4/5

Enregistré en décembre 2023 au Henry Wood de Londres par Oscar Terres. Le violon bénéficie d'une définition impeccable tandis que le piano, à l'arrière-plan, voit ses couleurs si singulières (celles d'un Bechstein) quelque peu éteintes par la réverbération. Défaut moins sensible lors d'une écoute au casque.





Composées à l'automne 1851, les Sonates pour violon et piano n°1 et 2 diffèrent considérablement. Aux confidences passionnées que livre l'Opus 105 en la mineur répond le ton d'une âpre épopée nordique que lance le premier mouvement de l'Opus 121. Si toutes deux ont en commun tourments et phrases brisées, la première semble adopter une tournure plus instinctive quand la seconde, d'ailleurs intitulée « Zweite grosse Sonate », articule une grande forme.

Forts d'une communauté de respiration et se sonorités légèrement astringentes parfaitement appariées, Alina Ibragimova et Cédric Thibergien épousent « l'énergie passionnée » (dixit Eduard Hanslick) de l'une et l'autre partition avec un égal bonheur. L'archet s'autorise dans le premier mouvement de la n°1 quelques délicats glissandos qui soulignent le lyrisme des phrases, et assène sans pitié les puissants accords dont le volet initial de la n°2 est parsemée.

Ce soin porté à la caractérisation, ces inflexions subtilement variées d'une page à l'autre – la serre puissante et acérée qui enlève le Sehr lebhaft de la Sonate n°2 se démarque des coups de griffe qui aiguillonnent le Lebhaft de la n°1 – relancent constamment l'intérêt. Ils ne laissent guère de répit à l'auditeur, même les mouvements lents ayant leurs éraflures. Le clavier, dont les timbres rappellent parfois un piano ancien, n'est pas en reste. Il chante avec une désarmante simplicité les arpèges complexes qui agrémentent plusieurs épisodes Leise, einfach et noue avec le violon un dialogue idéal. Par leur expression plus écorchée et farouche mais aussi un équilibre plus abouti entre violon et piano, Ibragimova et Thibergien offrent une alternative à la référence signée Christian Ferras et Barbizet (DG, 1966). Ils font jeu égal avec Gidon Kremer et Martha Angerich (DG, 1985), plus débridés mais moins réfléchis dans l'Opus 121.

Dans son ultime sonate, achevée la 1er novembre 1853, Schumann recycle les deux mouvements (Intermezzo et finale) représentant sa contribution à la Sonate « F-A-E. », complétée par celles de Dietrich et Brahms. Exclue de l'édition des œuvres complètes de Robert élaborée par Clara avec Brahms et Joachim, cette Sonate n°3 ne figure ni chez Ferras ni chez Barbizet, ni chez Kremer ni chez Agerich. Ibragimova et Thibergieb restituent sans les atténuer les brisures (premier et troisième mouvements) de cette partition à l' « urgence intérieure incoercible » (Brigitte François-Sappey) qui semble vouloir s'extirper de quelque marasme – les phrases ascendantes du Scherzo, les accents échevelés du finale, markietres (« marqués ») mais sans lourdeur ! Et cet Intermezzo, parenthèse d'une irrésistible tendresse, rendue ici sans une once de complaisance ! À nos deux complice, rien n'échappe de la poésie schumanienne, de ses foucadres, de ses espoirs comme de ses accablements.

Loïc Chahine




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