250419 - MUS QZD - SCRIABINE - CON ELEGANZA - CLÉMENT LEFEBVRE







ALEXANDRE SCRIABINE

1872-1915

« Con eleganza »

Clément Lefebvre (piano). Vincent Dumestre.

La Dolce Vita.

SCRIABINE = Sonate n°3 « États d'âme ».

SCRIABINE – Impromptus à la Mazur op. 7.

SCRIABINE – Impromptus op. 10, 12 et 14.

SCRIABINE – Fantaisie op. 28.

SCRIABINE – Poèmes op. 32.

SCRIABINE – Valse op. 38.






TECHNIQUE : 4/5

Enregistré à la Cité de la Musique et de la Danse de Soissons en juillet 2024 par Alice Legros. Un piano Steinway parfaitement défini, avec un remarquable équilibre des registres., chaque note se déployant avec clarté et ampleur. Des forte puissants sans être durs.





Clément Lefebvre nous peint Scriabine en jeune homme, romantique et exalté. La Sonate n°3 (1898), marquée au sceau de la fatalité et sous-titrée « États d'âme », reste sans doute la partition la plus emblématique de cette période créatrice. Le pianiste en fait ressortir la pulsation haletante comme les motifs obsessionnels. Sa sonorité riche et chaleureuse, magnifiée par une captation de premier ordre, nourrit particulièrement la palpitation fiévreuse et la tension de l'Allegretto. Le con fuoco accolé au Presto n'est pas pris à la légère : le finale bascule dans un tourbillon de passion jusqu'à ces dernières mesures comme arrachées du clavier.

Plus inspirés que les deux de l'Opus 7 (1891), dont l'indication « à la mazur » reflète ouvertement l'influence de Chopin, les six Impromptus des années 1894-1895 ont pour sommet le splendide Opus 12 n°2. Lefebvre enveloppe d'une aura mystérieuse sa pâte sombre, tandis que le jaillissement puissant des sforzandos aux basses et le chant pathétique se combinent en une alchimie parfaitement envoûtante. Dans l'Opus 14 n°1, le nouveau venu se hisse aux mêmes hauteurs qu'Andsnes (Warner), avec même un surcroît d'expression.

L'ampleur orchestrale que vise la Fantaisie op. 28 (1900) permet à l'interprète d'explorer les profondeurs de son instrument avec une grande intensité dramatique. Dans le Poème op. 32 n°1 (1903), il ne cherche pas à nous ensorceler comme jadis Sofronitski, Horowitz, Neuhaus ou plus près de nous Pogorelich. Lefebvre déploie au contraire des courbes graciles et des arabesques délicate dont il souligne à la perfection les lueurs diaphanes et la fluidité aérienne. Sous ses doigts, la Valse op. 28 (1903) arbore une élégance sophistiquée, une énergie radieuse.

Par sa fine compréhension de cette musique, sa large palette de couleurs et sa sensibilité, Lefebvre rejoint le cercle étroit des scriabinistes authentiques : une superbe réussite.

Bertrand Boissard




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