250508 - MUS QZD - PUCCINI - TOSCA - SOLISTES, CHŒUR ET ORCHESTREDE L'ACADEMIA NAZIONALE DI SANTA CECILIA, DANIEL HARDING

 





250508 - MUS QZD - PUCCINI - TOSCA - SOLISTES, CHŒUR ET ORCHESTREDE L'ACADEMIA NAZIONALE DI SANTA CECILIA, DANIEL HARDING





GIACOMO PUCCINI

11858-1924

« Tosca »

Eleonora Buratto (Tosca), Jonathan Tetelman (Mario Caravadossi), Ludovic Tézier (Scarpia), Giorgi Manoszhvili (Angelotti), Matteo Macchioni (Spoletta), David Sangregorio (le Sacristain), Voix blanches, Chœur et Orchestre de l'Academia nazionale di Santa Cecilia, Daniel Harding.

DG (2CD).

PUCCINI - Tosca






TECHNIQUE : 4,5/5

Enregistré à l'Auditorium Parco della Musica de Rome en octobre 2024 par Jakok Händel. Une image ample et aérée, au relief soigné. Les voix solistes, parfaitement définies et nettement placées au devant de la scène, se fondent harmonieusement dans l'écrin orchestral. L'excellent définition de timbres etg la clarté exceptionnelle du chœur participent d'une dynamique exemplaire et d'une image homogène, avec des plans sonores très lisibles.





L'ÉVÉNEMENT


Quatre étoiles


Depuis quand n'avions-nous pas entendu la Tosca de Puccini servie par un trio aussi homogène et pour tout dire idéal, porté par une direction aussi intensément dramatique ?









Irrésistible. L'orchestre d'abord. Antonio Pappano a légué à son successeur, Daniel Harding, une phalange qui sait mieux qu'aucune autre ce que jouer veut dire. De précédents enregistrements l'ont attesté (Turandot, en particulier). Celui-ci fait mieux que confirmer : la précision analytique de chaque pupitre ne s'exprime jamais aux dépens de la simple beauté des timbres et encore moins du chant orchestral.

À cela, Harding vient ajouter une marque personnelle, à la fois dans la pure splendeur du son et dans la façon dont ce son est conduit, et même habité. Impossible ici d'opposer le symphonique au dramatique, Karajan à Vienne (Decca, 1962) et surtout Berlin (DG, 1980), Sinopoli avec le Philharmonia (DG, 1992) avaient montré la voie de cette synthèse possible. Harding les rejoint avec moins de noirceur mais plus de fièvre, et un sens du lyrisme italien qu'on ne lui connaissait pas. Le fameux prélude d' « E lucevan » comme le récit de Spoletta y trouvent une plénitude neuve.

Les Tosca publiées ces dernières décennies nous ont laissé un peu sur notre faim parce que le trio principal comportait toujours un maillon faible.



Natures d'artistes ...

Des sopranos trop monolithiques (Te Kanawa, Vaness), des ténors hors de propos (Carreras, Licitra, Bocelli) et surtout des Scarpia trop âgées (Raimondi), trop ogres (Terfel), trop impassibles (Ramey). À s'en tenir à la vocalité, le trio de cet enregistrement est idéal. Ils ont tout : les notes, la ligne, le souffle, la couleur, le métal. Mais ils ont plus. Ils ont le caractère, et ils ont l'intelligence.

Tetelman aurait pu livrer un numéro de charme et de force. Non, il est juvénile et vulnérable. À son personnage de révolutionnaire idéaliste, il apporte de la clarté et de la mélancolie, et les pages les plus fougueuses ne le trouvent jamais en surcharge. Plus mâle que Di Stefano, moins uniforme que Del Monaco, plus vrai que Corelli, plus engagé que Pavarotti, plus varié que Domingo, Tetelman est un bouleversant Cavaradossi.

Eleonora Buratto sculpte sa Tosca, lui offrant un visage différent à chaque acte. Avec sa grande voix et sa ligne infinie, elle pourrait se dispenser de détailler le texte. Mais elle chante sa Tosca avec une sensibilité au mot, à l'inflexion, à la couleur simplement étourdissantes (ah, les dernières phrases du « Vissi d'arte » !) dont Callas seule semblait avoir trouvé la clef.



... et prédateur

Et quel Scarpia ! D'abord chef de police tyrannique et mielleux, Ludovic Tézier sait progressivement se déboutonner et passe, à l'acte II, de la sensibilité prédatrice à la violence la plus épouvantable. Là aussi stupéfient la justesse du mot, du timbre, l'incarnation presque animale. Seul Gobbi eut cela, avec moins de moyens. Le disque aussi paraît donner non seulement plus à entendre mais plus à voir que n'importe quel DVD. Nos trois chanteurs semblent en outre appartenir à la même école vocale et dramatique : le métal de leur voix consonne autant que leurs intentions théâtrales.

Sous la conduite impérieuse de Harding, les duos (qui sont dans la Tosca la colonne vertébrale du drame) sont d'une vérité sans vérisme, d'une intensité rarement entendue. Nous ne tenons pas là une formidable version contemporaine de la discographie, mais une des meilleures de la discographie, avec De Sabata et probablement Karajan I (1962). À elle seule, elle est une réponse éclatante à ceux qui prophétisent la mort de l'opéra.



Sylvain Fort




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