250516 - MUS QZD - LISZT - VIA CRUCIS & ŒUVRES POUR PIANO, LEIF OVES ANDSNES, CHŒUR DE SOLISTES NORVÉGIENS, GRETE PEDERSEN

 





250516 - MUS QZD - LISZT - VIA CRUCIS & ŒUVRES POUR PIANO, LEIF OVES ANDSNES, CHŒUR DE SOLISTES NORVÉGIENS, GRETE PEDERSEN






FRANZ LISZT

1811-1886

« Via Crucis & Œuvres pour piano »

Leif Ove Andsnes (piano), Chœur de solistes norvégien, Grete Pedersen

Sony

LISZT – Via Crucis

LISZT – Consolations (Six pensées poétiques).

LISZT – Harmonies poétiques et religieuses






TECHNIQUE : 4,5/5

Enregistré par Arne Akselberg à la Ris Kirke d'Oslo en août 2024. Une acoustique d'église légèrement mate, aux réflexions riches, précises, dans laquelle les voix du chœur se déploient et s'épanouissent avec une remarquable homogénéité. Le piano conserve clarté et présence, avec des harmoniques pleins. Sonorités chaleureuses en enveloppantes.





Reinbert de Leeuw (Philips, par son remake chez Alpha), Brigitte Engerer (Naïve), Jean-Claude Pennetier (Mirare) ... Certains pianistes transforment en chemin de gloire l'austère et erratique Via Crucis que l'abbé Liszt, dans sa maturité, a laissé à la postérité en 1789 – le public ne découvrira ce chef-d'œuvre longtemps incompris que le vendredi saint 1949. Mais pour que l'alchimie opère, il faut au soliste instrumental un ensemble vocal à sa mesure. Leif Ove Andsnes l'a trouvé chez ses compatriotes du Chœur de solistes norvégien, assez plastique pour habiter les divers moments du rituel un rien disjoint ordonnancé par le clerc franciscain, qui creuse sa verve « cécilianiste » tout en payant par deux fois un tribut au choral luthérien.

Dès l'introït brodant sur l'hymne latine Vexilla Regis – on la retrouvera à la quatorzième et dernière station -, les chanteurs de Grete Pedersen éclairent d'une lumière splendide le salut à la Croix (« O crux ave, spes unica ») dans la nudité de l'a cappella. Jésus tombe (« cadit ») sous l'attaque ferme des hommes, qui le crucifient (« crucifige ») avec la même netteté dans le geste. Le Christ vibratile d'Oystein Stensheim nous bouleverse dans son questionnement éperdu (« Eli, Eli, lama sabachtani ») et son « consummatus est » puis celui que répètent les deux sopranos solos se dissipent superbement dans l'éther. La « Traurigkeit » de la XII est à faire pleurer la pierre renfermant le tombeau.

Dans l'église néo-romane d'Oslo où a lieu l'enregistrement, Andsnes a trouvé un Steinway de 1917 subtilement timbré qui lui permet de creuser l'introspection, notamment dans ses moments solitaires (IV, V, XIII), sans renoncer au drame, ce que favorisent la précision et la dynamique d'un toucher décidément somptueux. L'écoute du chœur par le pianiste, qui s'entend dans ses réponses parfaitement ajustées, est remarquable.

Le claviériste non seulement est moteur dans la Via Crucis, comme l'avait conçu Liszt, mais il règne sur l'ensemble d'un programme complété intelligemment par les Six Consolations et deux des Dix Harmonies poétiques et religieuses. Aucun épanchement, mais un sens de la couleur et de la caractérisation saisissant, dont témoignent une n°9 qui n'est surtout pas transformée en vallée de larmes, puis un Miserere palestrinien aux arpèges animés. La Passion prend congé, voici l'aurore de Pâque.

Benoît Faucher




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