250519 - MUS QZD - DUPONT – LES TRENTE ET UNE MÉLODIES - CYRILLE DUBOIS, TRISTAN RAÈS

 





250519 - MUS QZD - DUPONT – LES TRENTE ET UNE MÉLODIES - CYRILLE DUBOIS, TRISTAN RAÈS




GABRIEL DUPONT

1878-1914

« Les trente et
une mélodies »

Cyrille Dubois (ténor), Tristan Raës (piano).

Aparté.

DUPONT – les 31 mélodies







TECHNIQUE : 4,5/5

Enregistré en juillet 2023 au conservatoire de Caen par Ignace Hauville. La voix est captée en extrême proxiité, instaurant une grande intimité qui révèle chaque infime nuance. Le piano étyant inscrit dans un espace plus ouvert, il en résulte une image sonore inattendue mais cohérente et efficace.





La musique de Gabriel Dupont est comme le journal d'un malade qui voit sa vie lui échapper. À l'image des Six petits oiseaux (Richepin, 1912) dont le départ lui laisse l'âme vide et déroule, au fil de cette comptine amère, une interrogation lancinante : « Pourquoi ? ». Pieusement (Verhaeren, 1909) crie le « besoin de pleurer mon mal » d'O triste, triste (Verlaine, 1909). Observé par la fenêtre, Le Jardin mouillé (Régnier, 1906) révèle brusquement un abîme intérieur, et le glas tinte au piano. Comme Le Jour des morts (Vanor, 1911), qui refuse la « fin des espoirs », Sur un vieux banc (Dierx, 1904) cherche l'apaisement dans la foi.

Ailleurs le compositeur s'abandonne à la mélancolie ou au rêve, voire s'accroche au souvenir. Chanson d'automne et La Pluie (Verlaine, 1895) étirent leur « langueur monotone ». Crépuscule d'été (Perrin, 1912) suggère même qu'elle a un goût d'éternité. Dupont soupire après l'absence d'amour dans Sérénade à Ninon (Musset, 1910) et le baiser d'Annie (Lecomte de Lisle, 1902) nourit une « ivresse infinie ». La candide Chanson des noisettes (Klingsor, 1908), la Fontaine de pitié (Bataille, 1904) et ses bonnes « larmes » consolatrices renvoient à l'enfance, comme Les Effarés (Rimbaud, 1903) où des mioches affamé collent leur pauvre « petit museau » au soupirail d'un boulanger. La musique est fortement marqué su sceau de Pelléas et du symbolisme (Le Silence de l'eau, Ophélia), s'épanouit dans les harmonies fuyantes, ne dédaignant pas une pointe d'exotisme dans la Chanson de Myrrha – Dupont y aiguise sa plume en reprenant le poème de Bessier soumis aux candidats pour le prix de Rome 1901. Si Le Jardin mouillé, Le Baiser ou Crépuscule d'été cherchent leur voie entre Debussy et Ravel, Monsieur Destin, Mandolines ou Annie trahissent davantage l'influence du maître Massenet.

Cyrille Dubois privilégie un ton de confidence frémissante bien adapté à l'univers intimiste de Dupont, où la morsure tragique se concentre sur quelques passages. Il caresse les mots, les murmure souvent à propos, non sans assombrissements (Si j'ai aimé idéal). Le fini de la ligne, la couleur et le poids donné aux mots sont chez le ténor sans comparaison avec l'interprétation fruste d'une Florence Katz (Timpani). Et le piano de Tristan Raës suclasse en souplesse et délicatesse de timbre celui de Marie-Catherine Girod. Pour les mélodies de Dupond, c'est ici.

François Laurent




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