250521 - MUS QZD - HAHN - « LE DIABLE BLEU » - LES FIVOLITÉS PARISIENNES, DYLAN COLAY
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250521 - MUS QZD - HAHN - « LE DIABLE BLEU » - LES FIVOLITÉS PARISIENNES, DYLAN COLAY
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REYNALDO HAHN 18575-1947 « Le Dieu bleu » Les Frivolités parisiennes, Dylan Corlay. B-Records. HAHN – Le Diable bleu.
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TECHNIQUE : 3,5/5 Enregistré à l'Auditorium de la Cité de la musique et de la danse de Soissons le 21 septembre 2023 par Alice Ragon. Une image d'orchestre ample et profonde, riche en plans sonores, mais assez mate. La texture manque un peu d'air et de précision dans le contour des instruments.
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Automne 1910. Serge Dhiaghilev passe commande à Reynaldo Hahn, dans l'espoir (très opportuniste) que l'idole des salons parisiens attirera de nouveaux mécènes. Il lui confie un argument imaginé par Jean Cocteau, que va peaufiner Frédéric de Madrazo, le neveu du compositeur. Dans une « Inde fabuleuse », des prêtres accueillent parmi eux un jeune homme voulant renoncer aux passions terrestres. Alors qu'il va entrer dans le temple, le voici troublé par les danses sensuelles d'une femme qui ranime en lui le souvenir de leurs « joies haletantes ». Il veut la rejoindre. Furieux, les prêtres l'en empêchent et se saisissent de l'impie, qui sera jeté aux monstres. Alors, la malheureuse invoque Shiva : d'un lotus, elle fait surgir le Dieu bleu qui la délivre et lui rend son bien-aimé. Ce Diable bleu, dansé le 13 mai 1912 par Vaslaw Nijonski et Tamara Karsavina dans les décors fantasmagoriques de Léon Baskt, ne transporte pas le public du Châtelet. Crier à l'échec cuisant, comme Diaghilev et Cocteau, apparaît d'autant plu excessif que Daphnis et Chloé, créé quelques semaines plus tard, reçoit un accueil comparable. Faut-il blâmer, comme Émile Vuillermoz, la chorégraphie d'un Michel Fokine moins inspiré qu'ailleurs, et à châtier une « musique hindoue à la mode de Paris », pauvre d'accents et de couleurs ? Les autres compte-rendus critiques s'accordent au contraire à saluer, dans la partition, « la franchise et la distinction du rythme », l'habileté de l'architecture thématique, le modernisme de l'écriture harmonique ... La résurrection providentielle de ce Diable bleu, un bon siècle plus tard, permet de partager leur jugement. Une flûte, humble et mystique, prélude à un tableau toujours plus animé. La solennité hiératique des prêtres alterne (Danse des Yoghis) ou se superpose au mouvement d'une foule bigarrée. Le thème qui ouvre la Danse des porteuses d'offrandes donnerait raison à Villermoz, si Hahn ne le colorait aussitôt, le transformait, revouvelant sans cesse sa coupe rythmique. Les récriminations des prêtres, soulignée à renfort de percussions et d'ostinatos très rousséliens, encadrent une Danse des souvenirs, mélancolique, puis toujours plus amoureuse. L'écho frémissant qu'elle éveille chez le jeune homme transparaît en filigrane de la Colère des prêtres. Et cet inquiétant Clair de lune ! Et ces Monstres et démons qui griffent, tournoient, grondent un haletant crescendo ! Hahn n'est pas sourd à son époque : le climat de beauté surréelle qu'installe l'apparition de la déesse prolonge celui du récent Martyr de saint Sébastien (1911), et la Danse du Diable bleu inaugure un style que Poulenc adoptera bientôt. L'œuvre se referme avec une sérénité toute bouddhique : la divinité protectrice gravit un « gigantesque escalier d'or » que font doucement étinceler piano, glockenspiel et harpe. C'est peu dire que la délicatesse et le raffinement de l'instrumentation sont superbement rendus par Les frivolités parisiennes en effectif élargi. La direction de Dylan Corlay soigne les équilibres, veille à la souplesse et au relief du discours. Devinerait-on sans quelques bruits bruits de salle les applaudissements qu'il s'agit de la captation d'un concert ?
François Laurent
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