250522 - MUS QZD - ELEONORA BURRATO - INDOMITA - AIRS DE BELLINI, DONIZETTI ET VERDI
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250522 - MUS QZD - ELEONORA BURRATO - INDOMITA - AIRS DE BELLINI, DONIZETTI ET VERDI
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ELEONORA BIRRATO SOPRANO « Indomita » Chœur et orchestre de l'Opéra Carlo Felice de Gênes, Sesto Quatrini. Pentatone. BELLINI – Le Pirate DONIZETTI – Anna Bolena DONIZETTI – Lucrèce Borgia VERDI – I due Foscari VERDI - Aroldo
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TECHNIQUE : 4/5 Enregistré en juillet 2024 à l'Opéra de Gênes par Nico Odorico. L'orchestre a une présence immédiate tandis que la voix se déplace dans une acoustique plus lointaine et profonde, avec un bel effet de relief. Le chœur, un peu mat, contraste avec le timbre de la soprano, brillant et riche en harmoniques.
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Le titre donne une idée du tempérament de l'artiste. « Indomptable », comme chacune des héroïnes de ce premier récital : Imogene (Le Pirate), Anna Bolena, Lucrezia Borgia, Lucrezia Foscari et pour finir Mina (Aroldo) ne s'en laissent pas conter dans des scènes présentées ici dans leur intégralité, avec comprimari, chœur et reprises – variées chez Verdi comme il se doit, même si June Anderson se montrait plus inventive dans ses Due Foscari à Covent Garden en 1995. La jeune soprano italienne gagne son audacieux pari haut la main. La voix est sombre, pleine de charme, avec un aigu acéré, un médium coloré à profusion, des graves denses et assumés, des attaques glottales alla Gencer et une diction à se pâmer. Mais ce qui frappe d'abord, c'est l'intensité dramatique. En parfaite complicité avec le chef Sesto Quatrini, Buratto démontre que la rhétorique belcantiste n'est pas seulement une grammaire mais une façon de faire de la musique avec ses codes non écrits qu'il faut deviner et sans lesquels une partition ressemble à un squelette. Prenons « Al doce guidami » dans lequel Anne Boleyn se remémore les jours heureux : le temps semble ralentir petit à petit, se perdre dans un rubato parfaitement calibré tout en déploration élégiaque. Ce legato allégé et suspendu par lequel elle sait nous tenir en haleine contraste avec des cabalettes enflammées, où nos battantes dardent les vocalises pour mieux exprimer leur révolte farouche. Ce théâtre est celui d'un romantisme triomphant et excessif, qui vise l'excitation du spectateur. Buratto assume l'entière tessiture de soprano dramatico d'agilità. Certes, elle n'y ajoute pas de suraigus finaux. Mais sont-ils vraiment indispensables face à l'ardente puissance des portraits éminemment personnels qui précèdent ? Nous sommes ici transportés parmi les dilettanti du Théâtre des Italiens dans les années 1830-1850, au cœur même de ce bel canto qui brûle de ses derniers feux. Chapeau bas devant une personnalité si singulière !
Pierre-Étienne Nageotte
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