250607 - MUS QZD - WAGNER - LE VAISSEAU FANTÔME - SOLISTES, CHŒUR ET ORCHESTRE DE L'OPÉRA DE NORVÈGE, EDWARD GARDNER
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250607 - MUS QZD - WAGNER - LE VAISSEAU FANTÔME - SOLISTES, CHŒUR ET ORCHESTRE DE L'OPÉRA DE NORVÈGE, EDWARD GARDNER
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RICHARD WAGNER 1813-1883 « Le Vaisseau Fantôme » Lise Davidsen (Senta), Gerald Finley (le Hommandais), Brindley Sherrat (Daland), Stanislas de Barbeyrc (Erik), Anna Kissjudit (Mary), Eirik Grotvedt (la Pilote), Chœur et Orchetsre de k'Opéra national de Norvège, Edward Gardner. Decca (2CD). WAGNER – Le Vaiseau Fatôme.
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TECHNIQUE : 4/5 Enregistré en août 2024 à l'Opéra d'Oslo par Jorn Pedersen et Arne Akselberg. La richesse des plans sonores dans lesquels s'inscrivent les voix soliste, l'espace entre le chœur et l'orchestre donnent à cette scène sonore un relief convaincant. Le chœur se distingue par sa belle densité. L'ensemble présente une dynamique étendue et remarquable. Une très légère confusion acoustique dans le bas du spectre altère la netteté des graves.
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L'ÉVÉNEMENT
Océan fantastique
Remarquablement entouré, Lise Davidsen et Gerald Finley portent au triomphe ce nouveau Vaisseau fantôme. Avec les forces de l'Opéra d'Oslo, Edward Gardner soulève des tempêtes.
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L'événement, tant il se fait rare, mérite d'être souligné : à un mois d'intervalle, Universal publie deux intégrales lyriques d'exception, pour des ouvrages où la concurrence est pourtant aussi rude qu'abondante. À la Tosca dirigée par Daniel Harding (DG, Diapason d'or), succède donc ce Vaisseau fantôme, porté à la victoire par Edwazd Gardner et un couple de protagonistes fabuleux, sous la banière Decca. Gerald Finley, d'abord, offre du Hollandais un portrait qui, par sa complexité psychologique ne se compare, excusez du peu, qu'à celui de Dietrich Fischer-Diskau (avec Konwitschny, Berlin Classics). Puissante tendresse, subtile brutalité, radieuse noirceur : « Die Frist ist um » montre que tout est oxymore dans ce chant consumé en incarnation et incantation. L'angoisse, elle, ignore les pudeurs, pathétique et bouleversante, autant qu'une ciselure des mots qui n'obère jamais le flot d'un legato intarissable. Le rencontre avec Senta serre la gorge : deux gamins intimidés l'un par l'autre, sachant scellé leur destin commun. Elle, c'est Lise Davidsen, qui dans sa ballade fait tonner ses grandes orgues alla Flagstad. Mais avec une lumière, des qualités d'allègement, des variations dans l'intensité et les sentiments qui, outre un aigu en javelot, hissent cette âme sur les plus hautes cimes d'une folie destructrice : miracle.
Poésie et autorité Pour les tourments de la passion, notre Stanislas de Barbeyrac national n'est pas en reste, mettant dans ses duos comme dans son air quelques trésors de nuances, un scrupule introspectif, un timbre dont la mâle douceur séduit aussitôt. Le second ténor mérite aussi tous nos laurioers : Eirik Grotwedt, poésie et élégie faites homme. Puisque la Mary au mezzo grave et velouté d'Anna Kissjudit ne manque pas de caractère, l'unique réserve serait pour Brindley Sherrat qui, au début surtout, pâtit de quelques écarts d'intonation. Ce Daland en impose pourtant par sa maturité, sa fourbe bonhomie, contrastant avec les couleurs et le tempérament bien plus sensibles de Findley. Certes, les forces norvégiennes pour le luxe de la pâte orchestrale et chorale, ne se compparant pas tout à fait avec celles de Covent Garden (version Dorati, nos Indispensables) ou de Bayreuth (avec Sawallisch, en particulier). Mais Gardner en tire le meilleur parti, allégeant les textures, plaçant le drame muical davantage dans sa filiation beethovénienne que dans une somptuosité d'obédience straussienne – ce qui n'a évidemment rien d'un contre-sens. À l'art des enchaînementrs s'allient une électricité qui rappelle la manière d'un Fricsay (DG), une continuité architecturale, des abrupts et des tempêtes, un cataclysme enfin (tout l'acte III). La Tosca d'Harding « est une réponse éclatante à ceux qui prophétisent la mort de l'opéra », concluait dans notre précédent numéro l'ami Sylvain Fort. De ce fier Vaisseau, on peut en dire tout autant.
Emmanuel Dupuy
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