250612 - MUS QZD - BRAHMS - QUATUORS AVEC PIANO N° 2 ET 3 - SOLISES, KRYSTIAN ZIMERMAN
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250612 - MUS QZD - BRAHMS - QUATUORS AVEC PIANO N° 2 ET 3 - SOLISES, KRYSTIAN ZIMERMAN
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JOHANNES BRAHMS 1833-1897 « Quatuors avec piano n°2 & 3 » Maria Nowak (piano), Katazyma Budnik (alto), Yuya Okamoto (violoncelle), Krystian Zimerman (piano). DG. BRAHMS – Quatuor avec piano n°2 BRAHMS – Quatuor avec piano n°3 |
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TECHNIQUE : 4,5/5 Enregistré dans la Sala Teatro du Lac de Lugano (Suisse) en jun 2021 et avril 2024 par Lukas Kowalski. Dans un espace aux contours bien définis, voilà une image de trio avec piano remarquablement équilibrée, d'une remarquable unité, avec des timbres chaleureux.
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Krystian Zimerman affectionne le répertoire chambriste, dont il aime fouiller les moindres recoins. Au très fréquenté Opus 25 de Brahms, le pianiste a donc préféré les deux autres quatuors avec piano – confidentiels malgré les brillantes incursions de Clifford Curzon avec les Budapest (Philips) pour le n°2, ou Arthur Rubinstein et les Guarneri (RCA) pour le n°3. Quel bonheur d'y retrouver l'élégance stylée de ce jeu au toucher capitonné, dépourvu de préciosité. Ici, la précision de diamantaire est fécondée par une imagination de gamin rêveur qui laisse s'évader le finale de l'Opus 26 et fait malicieusement virevolter le scherzo de l'Opus 61. L'artiste polonais sait tirer le meilleur des collègues qui l'entourent (le nouveau violoniste des Ébène, et deux femmes qu'il connaît bien : l'alto solo du Sinfonia Varsovia ainsi que le premier violon de son Polish Festival Orchestra). Ensemble, ils dressent le portrait d'un Brahms jeune, fringant, vigoureux ! On succombe à cette façon de musarder, de digresser dans l'Allegro liminaire du Quatuor n°3 (1875), rendu presque bravache par le fouetté des archets. Ou ce violoncelle qui convoque juste ce qu'il faut de sensibilité pour émouvoir et faire décoller l'Andante sous le seul effet d'un phrasé, d'une nuance, d'une dynamique. Le finale, mêlant des sentiments contraires, claque la porte et ne laisse derrière lui que le vague à l'âme d'une mélodie tissée en filigrane. Accablante conclusion d'une interprétation pensée et calibrée sans jamais perdre la pose. Ces qualités en font le pendant idéal à la grisante spontanéité de Serkin et des Busch (Emi), ainsi qu'à la sévérité intemporelle de Richter avec les Borodine (Philips). C'est peu dire que le Quatuor n°2 (1861) ne jure pas : les interprètes y mettent leur peau sur la table et, laissant libre cours à une souveraine objectivité, s'approprient pleinement ces pages surdimensionnées. Jamais englouties par les résonances généreuses du piano de Zimerman, les cordes sortent de l'ornière au gré d'un Poco adagio rempli d'audaces : sons flûtés, tremblements de la main droite, vibrato effronté de la gauche concourent à faire sourdre le drame intérieur et éclairer du dedans la vie propre à cet Opus 26. Rustique, débordant de fantaisie pour qui sait l'entendre, le finale canaille à souhait entraînera des salons aux faubourgs avec un charme irrésistible et une frivolité à peine voilée. Brahms revivifié, débarrassé des patines de l'académisme.
Erwan Gentric
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