250709 - MUS QZD - CHOSTAKOVITCH - CONCERTO POUR VIOLONCELLE N°2 & SONATE POUR VIOLONCELLE ET PIANO - SHEKU KANNEH-MASON, SOLISTES, SINFONIA OF LONDON, JOHN WILSON

 





250709 - MUS QZD - CHOSTAKOVITCH - CONCERTO POUR VIOLONCELLE N°2 & SONATE POUR VIOLONCELLE ET PIANO - SHEKU KANNEH-MASON, SOLISTES, SINFONIA OF LONDON, JOHN WILSON






CHOSTAKOVITCH

1906-1975

« Concerto pour violoncelle n°2 et Sonate pour violoncelle et piano »

Sheku Kanneh-Mason (violoncelle), Isata Kanneh-Mason (piano), Sinfonia of London, John Wilson.

Decca.

CHOSTOKOVITVH – Concerto pour violoncelle n°2

CHOSTAKOVITCH – Concerto pour violoncelle et piano.

BRITTEN – Sonate pour violoncelle et piano.






TECHNIQUE : 4,5/5

Enregistré en octobre 2024 à St Augustine's Kilburn, Londres, et en novembre 2024 au Snape-Maltings Concert Hall par Arne Akselberg. Une image d'orchestre remarquable par sa précision, où les timbres sont restitués avec une grande finesse. Le parfait étagement des plans sonores révèle un relief splendide. Dans le concerto comme dans les sonates, le violoncelle bénéficie d'une définition tout aussi exemplaire qui met en valeur la richesse de ses textures et harmoniques. Dans les sonates, les deux instruments sont traités sur un pied d'égalité.





L'ÉVÉNEMENT


Jeunesse et maturité


Mettant ses pas dans ceux de Rostropovitch pour ce programme qui célèbre l'amitié entre Britten et Chostakovitch, Sheku Kanneh-Mason n'en finit décidément pas d'impressionner.









Six ans après un décapant Concerto pour violoncelle n°1 (Decca, cf n°668), Sheku-Mason revient à Chostakovitch, cette fois pour affronter le Concerto n°2 (1966). Tâche autrement ardue tant le compositeur en a raréfié la virtuosité, poli les atours, intériorisé les abîmes. Le prodige britannique, dont la verve et l'intelligence étaient couronnées par un Diapason d'or de l'année 2020, empoigne l'Opus 126 avec la même insolente décomplexion et en signe à vingt-six ans une interprétation sur le fil du rasoir, éreintante mais en tout point magistrale.



Danse macabre

Dès les méditations fragmentées d'un Largo dont il se plaît à tisser, d'un seul fil, la mélodie continue, aucun doute : le jeune homme connaît son chemin. Quand d'autres s'engluent et s'éparpillent, lui s'élève et embrasse les longueurs, allonge l'archet, construit le discours. Adoptant le regard oblique propre au compositeur soviétique, le soliste y conjugue l'ardeur du bel âge à une maturité de vieux briscard. Écoutez ces pizzicatos beaux et moches à la fois, ces doubles cordes pleines de provocation, étourdissantes, crispantes ! Fascination ou répulsion ? On ne sait plus très bien, tant Kanneh-Mason restitue à la partition ses pouvoirs troublants, soignant jusqu'aux insondables mystères d'un finale qui emportera avec lui ses secrets. S'il flirte quelques fois avec l'expressionnisme, c'est que la musique de Chostakovitch est pour lui un théâtre : décors, action, personnages, tout cela planté avec une aisance et une urgence stupéfiantes.

Son art ne vise pas l'intellect, mais les tripes. Aussi, on ne trouvera guère d'abstraction dans l'humour acide, gras, quoique toujours juste, qu'il infuse au volet central. Faussement naïf, son violoncelle y titube d'un bord à l'autre, entraînant dans son sillage une fiévreuse danse macabre – parade détraquée qu'alimente un Sinfonia of London affûté par John Wilson. Tantôt fuligineux, tantôt corrosif, l'orchestre cloue sur place tous les tuttis des deux Allegretto. Comparé à un tel contrepoint de timbres et de textures, à une telle montée en tension, à un tel mordant, le charivari proposé par Heinrich Schiff et Maxim Chostakovitch (Decca) paraîtra presque fade, Rostropovitch et Svetlanov presque prudents (Supraphon).



Family business

Rejoint par sa sœur Isata, Shekou Kanneh-Mason épouse le classicisme de la Sonate op. 40 (1940), et coule son instrument dans un lyrisme fauréen acéré, purifié, ressourcé. Tout feu tout flamme dans le deuxième mouvement, il joue des ostinatos comme d'une idée fixe, puis apparie sa pudeur à celle du piano dans un Largo dépeuplé. Faut-il préciser que la complicité est au rendez-vous et procure à l'Allegro final une spontanéité échevelée ?

La Sonate pour violoncelle et piano op. 65 (1961) de Benjamin Britten en retire également une unité dans la diversité, même si l'on ne retrouve pas la force tranquille du compositeur accompagnant Rostropovitch (Decca), pour qui ces pages furent écrites – comme le n°2 de Chostakovitch. La faute, ici, à un clavier parfois agressif ou envahissant (Dialogo), à une conduite d'archet ça et là heurtée (Marcia). Pas de quoi bouder un scherzo piqué de clins d'œil, puis une élégie démontrant l'acuité sonore du violoncelliste, capable de capturer l'oreille d'une simple inflexion, autant qu'un Moto perpetuo nourri ne s'éclipse pas sur la pointe des pieds.



Erwan Gentric




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