250710 - MUS QZD - SMETANA - LES DEUX QUATUORS À CORDES - QUATUOR ZEMLINKY

 





250710 - MUS QZD - SMETANA - LES DEUX QUATUORS À CORDES - QUATUOR ZEMLINKY







BEDRICH SMETANA

1824-1884

« Les deux quatuor à corde. La fiancée vendue »

Quatuor Zemminsky.

Evil Penguin.

SMETANA – Quatuor à cordes n°1

SMETANA – Quatuor à cordes n°2

SMETANA – La Fiancée vendue (Danse des Comédiens).





TECHNIQUE : 3,5/5

Enregistré au Mupa de Budapest en janvier 2024 par Benjamin Perenyi. Des sonorités denses aux médiums soulignés se déploient dans une image large et légèrement déséquilibrée. La présence marquée du violoncelle s'accompagne de violons un peu en retrait. Une réverbération fournie renforce l'impression d'épaisseur.





Si le père de la musique tchèque a peu écrit pour l'effectif chambriste, il nous laisse deux quatuors à cordes qui sont des bijoux. Ce diptyque tardif est largement autobiographique : Smetana y consigne ses joies, ses peines, ses souvenirs, jusqu'à sa résilience face à la surdité. Les Zemlinsky les auscultent, les cisèlent avec une compréhension inouïe de l'âme du compositeur – et partant, celle de Bohême. Il faut dire que le quatuor les étrenne depuis sa formation en 1994. Pas de quoi émousser l'esprit et l'enthousiasme des musiciens, qui rivalisent en vérité idiomatique avec les Smetana (Supraphon) et les Talich (Calliope/La Dolce Volta), incontestables dans ce répertoire.

Le Quatuor n°1 « De ma vie » (1876) s'articule ainsi en quatre miniatures confondantes d'acuité et de naturel. Frappe la cohésion fusionnelle des instruments, leur capacité à se dérider sans perdre leur superbe, la manière délicieusement spontanée d'empoigner l'œuvre pour en extraire toute la substance. Dès l'Allegro liminaire, on est cloué par le cri fêlé de l'alto, préfigurant la catastrophe de la surdité qui viendra hanter le dernier mouvement. On se laisse ensuite griser par ces violons incandescents si typiques d'Europe centrale, dans un irrésistible Allegro alla polka qui transporte des guinguettes populaires aux bals de la haute. Et ces chimères que révèle le violoncelle dans le Largo une fois l'adrénaline de la fête retombée ? Le matériau brut et la franchise irrévérencieuse des interprètes n'épargnent ni tourment ni ivresse. Empreint de ce folklore virtuose et vitaminé, le Vivace conclusif déborde de sève pour renouer avec la fièvre – contagieuse ! - du deuxième volet. Davantage rugueux que les Modigliani (Mirare), sanguins que les Kocian (Praga), les Zemlinsky signent une nouvelle référence.

Les mêmes qualités d'élan et de rebond se retrouvent dans le Quatuor n°2 (1883), qui se pare d'une allure mystérieuse, meurtrie, assumant sans fard le regard rétrospectif et méditatif d'un compositeur qui brûle ses dernières cartouches. Mais ici aussi, la Mitteleuropa se danse et se chante jusqu'à plus soif – délice que ce lyrisme aux accents revêches dans l'Andante cantabile ! En manière de bis, une habile et virevoltante Danse des comédiens détachée de La Fiancée vendue (1866) et arrangée par Petr Holman, altiste de l'ensemble, achève de nous étourdir.



Erwan Gentric




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