250716 - MUS QZD - CHOSTAKOVITCH - QUATUORS À CORDES - QUTUOR DE JERUSALEM

 





250716 - MUS QZD - CHOSTAKOVITCH - QUATUORS À CORDES - QUTUOR DE JERUSALEM






DIMITRI CHOSTAKOVITCH

1906-1975

« Quatuor à cordes »

Quatuor de Jerusalem

Bis.

CHOSTAKOVITCH – Quatuor à cordes n°2

CHOSTAKOVITCH – Quatuor à cordes n°7

CHOSTAKOVITCH – Quatuor à cordes n°10





TECHNIQUE : 4/5

Enregistré en mars 2024 à la Marus-Sittikus-Saal de Hohenems (Autriche) par Marion Schwebel. La captation en proximité confère au quatuor une présence immédiate. Une image large aux contours très bien définis, dan laquelle les timbres sont restitués avec finesse.





Revenant à Chostakovitch pour Bis après deux albums de quatuors chez Harmonia Mundi (n°1, 4 et 9 en 2004, n°6, 8 et 11 en 2006), les Jérusalem associent les 2, 7 et 10. Couplage étonnant de trois partitions aux profils fort disparates ? Il montre au contraire la connaissance, l'intelligence que la formation possède désormais du langage de Chostakovitch : les quatre archets parviennent en effet à un enchaînement très cohérent.

Si d'aucuns ne voient dans le n°1 (1938) encore qu'un habile exercice de style, le dense n°2 (1944) en la mineur est sans doute le premier grand quatuor du compositeur. Les féroces attaques portées contre son opéra Lady Macbeth de Mtsenk semblent avoir poussé Chostakovitch à insuffler à sa musique de chambre un puissant souffle lyrique – le deuxième mouvement s'ouvre d'ailleurs par un Récitatif qui débouche sur une Romance. Les Jérusalem y égalent les plus grandes versions (Borodine 1, Beethoven, Fitzwilliam). Leur manière anguleuse mais jamais agressive, conjuguant lumière et chaleur, précision et expression, restitue à l'œuvre sa portée dramatique sans en exagérer le pathos ni en atténuer les moments d'âpre étrangeté.

Il en va sensiblement de même pour l'énigmatique Quatuor n°7 (1960) en fa dièse mineur dans lequel le compositeur rend hommage à sa première épouse, décédée en 1954. Les Jérusalem soulignent sans s'apesantir le caractère interrogatif de la partition, avec un raffinement, une franchise sans affèterie. Remarquablement effilé, douloureusement insinuant, le Lento central bouleverse.

Partition majeure d'apparence néoclassique, le Quatuor n°10 (1964) en la bémol majeur est en réalité une œuvre très intense, organisant ses quatre mouvements autour de la passacaille centrale. Dès l'Andante initial, les Jérusalem en épousent les moindres inflexions avec une exemplaire concentration. Ils se gardent de surjouer la tension pour la laisser sourdre comme en passant, subrepticement. Admirable de lisibilité, l'Adagio chante avec autant de tenue que de sentiment tragique et l'ample finale se déploie, sous leurs archets, avec un remarquable sens de la construction et de l'à-propos.

L'Allegretto furioso montre aussi que, tout en conservant leur style à l'occidentale (plus dans la lignée des Fitzwilliam que des Borodine), les violonistes Alexander Pavlovsky et Sergei Bresler, l'altiste Ori Kam et le violoncelliste Kyril Zlotnikov ont digéré la leçon du Quatuor Beethoven (créateur des trois partitions ici réunies) sans chercher à imiter les illustres formations russes. Leur style acéré mais pas glacé, brillant mais jamais clinquant, aux arrêtes vives sans être cassantes signe un album de très haut niveau, aussi puissant que quintessencié.

Patrick Szersnovicz




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