250823 - MUS QZD - MESSIAEN - VINGT REGARDS SUR L'ENFANT JÉSUS - MORTEN HEIDE
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250823 - MUS QZD - MESSIAEN - VINGT REGARDS SUR L'ENFANT JÉSUS - MORTEN HEIDE
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OLIVIER MESSIAEN 1908-1992 « Vingt regards sur l'Enfant Jésus » Morten Heide (piano) Gateway (2CD). TECHNIQUE : 4/5 MESSIAEN – Vingt regards sur l'Enfant Jésus
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Un pianiste danois établi en Suède, face à un Salernitain : c'est l'Europe du Nord contre celle du Sud. Chez Ciro Longobardi, la vivacité latine s'exprime par celle des tempos : même en ajoutant les Petites Esquisses d'oiseaux, il gagne encore deux minutes sur Morgen Heide. S'il ne rééedite pas le succès de son Catalogue d'oiseaux (Cinq Diapason, cf. n° 681), c'est que le cycle se prête mal à son sens de l'atmosphère. Longobardi fuit toute espèce de flamme ou de heurt au profit d'une fluidité qui, à coups de rubatos coquets, exhale un lyrisme vaguement salonnard et se laisse aller à des joliesses fin-de-siècle. Aussi, la Première communion de la Vierge lui sied à ravir et son Regard du silence est vraiment « impalpable ». Son égalité de touche nous offre un Baiser de l'Enfant Jésus d'anthologie, notamment les broderies de la variation finale, d'une délicatesse exquise, tel un avatar de la Berceuse de Chopin. La précision du chant de l'alouette et du rossignol, détaills du bout des doigts, fascine. Les vastes pages en forme de danse rituelle, en revanche, lui échappent. Du reste, s'il était tenté de déployer quelque violence, la prise de son se chargerait de l'annihiler. Du coup, la véhémence de « l'Esprit de joie » a le swing feutré d'un bar d'hôtel et l' « Onction terrible » tient de la crème hydratante. Morten Heide n'a pas la même prédilection pour les moments tendres. Le Scandinave a le tranchant et l'art du contraste qui font défaut à son collègue méridional. Très à l'aise avec les pièces qui opposent ou juxtaposent des motifs fortement caractérisés, comme L'Échange, le Regard des anges ou Par lui, tout a été fait, il est à son meilleur quand elles reposent sur un étagement des plans sonores (Regard du Père). Il est dans son élément avec les canons rythmiques, distinguant savamment leurs différents niveaux des nuances. Grâce à un toucher incisif et à une brillante prise de son, tam-tams et cloches résonnent à toute volée dans Noël et le Regard des prophètes, des bergers et des mages. La Parole toute-puissante retentit avec une majesté de grand orgue. Cette version de haute tenue – surtout pour un premier disque – nous rappelle les œuvres pour orchestre du même Messiaen, dirigées par Sylvain Carnbreling (Hänssler) : avec une transparence de cristal et une géométrie sans défaut, les fulgurances y sont avant tout intellectuelles. Kandinsky (période Bauhaus) triomphe de Chagall. On ne s'en plaint pas. Paul de Louit
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