250911 - MUS QZD - RAVEL, ARENSKI ET SRNKA - TRIOS AVEC PIANO - TRIO PANTOUM





TRIO PANTOUM

« Modern Times »

LA DOLCE VOLTA.

RAVEL – Trio avec piano

ARENSKI – Trio avec piano n°1

SNRKA – Emojis, Like and Ringstones.






TECHNIQUE : 4,5/5

Enregistré en octobre 2024 à la Cité de la musique et de la danse de Soissons par Jean-Marc Laisné. Une image d'une belle cohésion, où le piano s'inscrit avec naturel dans la dynamique des cordes. L'acoustique, aux teintes boisées, unifie les projections instrumentales.





Avec son romantisme décomplexé, prompt à s'emporter autant qu'à s'émouvoir, le Trio avec piano n°1 (1894) d'Arenski est une carte de visite idéale. L'œuvre, qui avait déjà porté chance aux Zeliha (Mirare, 2020), sied merveilleusement au Trio Pantoum, qui livre ici son premier album après une fructueuse moisson de prix glanés entre Munich, Ozaka et Lyon. L'hommage rendu au violoncelliste Karl Davydov n'a rien de la solennité figée d'un tombeau. Les couleurs franches du jeune ensemble, formé en 2016 par trois étudiants du Conservatoire de Paris, brossent au contraire un portrait vivant qui aurait mérité – ce sera là notre seul petit bémol – des éclairages un rien moins tamisés. Son approche tout feu tout flamme exalte les quatre mouvements avec une générosité qui rappelle celle du Trio Wanderer (HM, 2013), dont nos artistes ont reçu les conseils.

L'oreille est captivée dès les premières mesures du trio de Ravel, enluminées comme le manuscrit d'un conte oriental. Lumières, parfums, matières : ce Modéré hédoniste nous plonge dans un rêve de faune, vibrant de mélodies flûtées où les timbres paraissent s'imiter pour mieux se fondre. Quelque part entre La Valse et la Rhapsodie espagnole, le Pantoum dresse des ébauches de sérénades dont les motifs s'entrecroisent avec une piquante fluidité : la formation n'a pas choisi son nom au hasard ... Ce que l'art ravélien doit aux métamorphoses est parfaitement senti et restitué par les interprètes dans une Passacaille symboliste, chargée d'arrière-pensées et d'évocations lointaines. L'éventail dynamique du piano de Kojiro Okada, la longueur de note du violoncelliste Bo-Geun Parl, la dimension soliste qu'assume le violon d'Hugo Meder, certes au prix d'une relative minceur de son : chacun apporte s pierre à cette prestation couronnée par une coda ébouriffante.

En guise de bis, la pièce du compositeur tchèque Miroslav Snrka (né en 1975) propose une compilation un brin longuette de sonneries de smartphone et de gazouillis d'oiseaux sociaux. Pas de quoi entamer l'enthousiasme inspiré par ces épatants musiciens. Ou, pour le dire autrement : triple emoji cœur avec les mains.



Marc Lesage




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