251014 - MUS QZD - BERIO - LES CINQ QUATUORS À CORDES - QUATUOR MOLINARI
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251014 - MUS QZD - BERIO - LES CINQ QUATUORS À CORDES - QUATUOR MOLINARI
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LUCIANO BERIO 1925-2003 « Les cinq quatuors à cordes » Quatuor Molinari ATMA. BERIO – Quatuors à cordes
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TECHNIQUE : 3,5/5 Enregistré en novembre 2024 à l'église de Saint-Augustin de Mirabel (Québec) par Anne-Marie Syvestre. Une image de quatuor ample et aérée, dans une acoustique vaste et très réverbérée. Les timbres y perdent un peu de grain en densité. Le recul de la prise de son préserve une localisation précise des quatre instruments.
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Couvrant l'ensemble de la carrière de Luciano Berio, les cinq quatuors à cordes reflètent parfaitement la riche diversité de ses expérimentations. Première étape de ce parcours, Study (1952) est conçu à Tanglewood pour remercier Bruno Maderna qui lui avait dédié son propre Quartetto per archi six ans auparavant. Les Molinari en cisèlent finement l'écriture imitative alla Webern tout en exaltant la mélodie accompagnée. Cette maîtrise de la polyphonie se confirme dans le Quartetto de 1956, une des rares incursions de Berio dans le domaine su sérialisme intégral. Aux séries de notes, d'intensité (du ppp au fff) et de rythmes s'ajoutent d'abrupts changements de timbres et de tempos qui démultiplient l'extrême difficulté de la partition. Sons pincés, francs, atténués, plus ou moins vibrés, archet battu ou gratté, tantôt à la pointe, tantôt au talon : tout est possible, exploité dans ses moindres détails, et rendu avec une sobre et évidente clarté par les interprètes. Si ce riche vocabulaire est encore celui de Sincronie (1964), l'architecture a évolué, enchaînant phases méditatives ou violentes; « Les quatre participants, commente Berio pour expliciter son titre, développent continuellement la même séquence de blocs harmoniques en "disant" simultanément la même chose de différentes façons. » Trois décennies après, le compositeur transforme à nouveau son langage. Notturno (1993) atteste son obsession pour la voix, parlée, chantée ou chuchotée. Des « non-dits », des fragments de « discours incomplets » s'entremêlent, se distendent pour tisser un fil continu de vingt sections sans couture apparente. Des indications de caractères construisent, à travers cette « parole de silence », un véritable récit de l'Holocauste : « molto lontano e parlando », « simplice, deciso, agitato, misterioso », « ossessivo, immobile », « sospeso » ... Glosse (1997) est un morceau de concours que Berio présente comme « une affaire assez complexe et mystérieuse ». Reprenant les esquisses du quatrième quatuor alors en cours d'élaboration, l'œuvre les « commente » en plusieurs volets contrastés. Plus vibrants et chaleureux que les Arditti (DG), les Molinari convainquent par l'étendue de leur palette, leur conduite fervente du discours, et la vitalité solaire qu'ils insufflent à cette exploration chambriste hors norme.
Anne Ibos-Augé
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