251016 - MUS QZD - TELEMANN - CONCERTOS POUR VIOLON - ISABELLE FAUST, AKADEMIE FÜR ALTE MUSIK BERLIN

 

	251016 - MUS QZD - TELEMANN - CONCERTOS POUR VIOLON - ISABELLE FAUST, AKADEMIE FÜR ALTE MUSIK BERLIN
		GEORG PHILIPP TELEMANN 1681-1767 « Concertos pour violon, Ouverture, Suite & Fantaisie » Isabelle Faust (violon), Akademie für alte Musik Berlin. HM. TELEMANN – Ouverture-Suite pour violon et orchestre TWV 55/h4. TELEMANN – Sonate pour trompette, cordes et basse continue TWV 44/1. TELEMANN – Concerto pour violon TWV/A4 « Les Rainettes ». TELEMANN – Concerto pour violon, trompette, violoncelle, cordes et basse continue TWV 53/d5. TELEMANN – Gulliver-Suite pour deuv violons TWV 40/108 TELEMANN – Fantaisie pour flûte n°3. QUANTZ – Canone Infinito pour deux violons.
	TECHNIQUE : 4/5 Enregistré en octobre 2024 à la Villa Siemens Berlin, par Michael Havenstein et Till Rotter. L'image sonore plutôt ample révèle de riches textures et de doux aigus. Le violon solo, clair et très bien défini, reste intégré à l'ensemble.
	L'Akademie für alte Musik Berlin et Telemann, c'est une vieille histoire. La phalange historiquement informée lui a déjà consacré une dizaine de disques abordant Suites pour orchestre, concertos, opéras, oratorio... La première qualité du nouvel album tient à sa diversité : Isabelle Faust adjoint aux pages concertantes trois partitions chambristes. « L'Ouverture, avec ses corrélats, avait la préférence parce que M. Le comte [Erdmann von Prommitz], revenu de France depuis peu aimait ce genre. Je me mis en quête des travaux de Lully, Campra et autres bons maîtres, et m'en tins presque exclusivement à leur style », note Telemann dans une de ses autobiographies. Est-ce de cette période (1705-1706) où il était en poste à Sorau (aujourd'hui Zary en Pologne) que date l'Ouverture-Suite TWV 55/h4 ? Rien ne l'indique, mais les premières mesures attestent l'influence des « bons maîtres » français sur le compositeur allemand. La partie fuguée organise avec une grande maestria les prises de parole du soliste. Chaque pièce est ensuite bien campée, et la patte volontiers malicieuse de Telemann s'y reconnaît. Par la variété de leur inspiration, leur esprit, leur vitalité, leur souplesse et leur agogique aussi, Faust et ses complices ont un net avantage sur la version honorable d'Elisabeth Wallfisch (CPO). Les deux concertos sont d'absolues réussites. L'ensemble berlinois avait déjà gravé (HM, 2001) le Concerto en la majeur « Les Rainettes », dont certains tours sonnent presque comme une parodie de Vivaldi. La nouvelle version l'emporte en imagination, en pittoresque, en finesse aussi dans l'Adagio. Le Menuet passe avec une confondante fluidité de l'orchestral au chambriste – même si les à-coups de cordes pincées seront affaire de goût. À l'opposé, le superbe TWV 51/a1 en la mineur, d'un absolu sérieux, illustre une facette plus méditative, voire mélancolique, de Telemann. Le violon de Faust trouve matière à déployer les volutes prégnantes autant qu'une furia jamais creuse dans le Presto. Anodine, la Sonate pour trompette, cordes et basse continue TWV 44/1 ? On est sous le charme de sa Sinfonia en forme de chaconne où la trompette d'Ute Hartwich trouve sa place sans tirer à elle la couverture – vertu cardinale de la violoniste également. La délicatesse mise au Largo d'allure italianisante, la verve contrôlée du Vivace sont tout à fait convaincantes. Par la beauté et la richesse de leurs sonorités, le mordant de leurs accents, Faust et le Konzertmeister de l'Akademie für alte Musik, Bernard Forck, élèvent au-dessus de l'anecdote la charmante Suite pour deux violons sans basse inspirée des Voyages de Gulliver, soulignant son expressivité et surtout son ingéniosité (le finale). C'est cette ingéniosité renouvelée qu'exalte ce superbe portrait. Loïc Chahine