251108- MUS QZD - TCHAÏKOVSKI - ŒUVRES POUR PIANO - DANIIL TRIFONOV

 





251108- MUS QZD - TCHAÏKOVSKI - ŒUVRES POUR PIANO - DANIIL TRIFONOV






PIOTR ILYITCH TCHAÏKOVSKI

1840-1893

« Œuvres pour piano »

Daniil Trifonov (piano).

DG.

TCHAÏKOVSKI – Thème original et variations op. 19 n°6.

TCHAÏKOVSKI – Sonate pour piano op. 80.

TCHAÏKOVSKI – La Belle au bois dormant.

TCHAÏKOVSKI – Album pour les enfants op. 39






TECHNIQUE : 4/5

Enregistré en janvier 2025 au Mechanics Hall de Worcester (États-Unis) par Jennifer Nulsen. Un piano aux timbres chaleureux, avec une bonne cohésion des registres. L'image présente un relief plaisant, mais s'épaissit dans les fortissimos en raison d'une acoustique généreuse.





Longtemps négligée sinon méprisée, la musique pour piano de Tchaïkovski suscite désormais l'engouement des plus grands interprètes de notre temps. Après Les Saisons récemment magnifiées par Yuncham Lim (Decca, Diapason d'or), Daniil Trifonov s'empare de trois partitions dont on n'imaginait pas qu'elles puissent receler une telle puissance d'attraction.

Dans Thème et variations, Tchaïkovski brode avec autant de brio que de légèreté sur une mélodie aux accents délibérément naïfs. D'une vivacité joyeuse, l'œuvre bascule parfois vers des rives plus solennelles (Variations VIII), que le nouveau venu aborde sans jamais céder à l'emphase. À l'ébauche gracieuse d'une mazurka (IX) répondent une mélodie (X) puis un rythme vigoureux (XI) qui évoquent irrésistiblement Schumann. L'exercice de style culmine dans un Coda à la virtuosité étourdissante. Encore plus rare que la « Grande » Sonate op. 37, la Sonate op. 80 (1865) résonne ici avec une ampleur, un engagement et un relief inédits. Son Scherzo féerique, sommet de la partition, deviendra l'année suivante celui de la Symphonie n°1 « Rêves d'hiver ». La fougue avec laquelle Trifonov empoigne l'Allegro fon fuoco initial, les assauts rythmiques du finale constituent un formidable tour de force.

Puis vient L'Album pour les enfants, recueil de vingt-quatre miniatures « alla Schumann », compositeur dont Tchaïkovski était friand – Petite mère, la quatrième pièce, semble surgir tout droit des Scènes d'enfants. Le ton se fait parfois grave (Funérailles de la poupée), mais l'élan d'une Valse ramène aussitôt la lumière. Les tableaux campagnards (Le Paysan jouant de l'accordéon) côtoient une vieille chanson française où l'interprète semble vouloir recréer les sonorités de quelque clavicorde. La finesse la plus exquise (Rêverie) s'allie à une bonne dose d'humour, tel ce chant napolitain précipité avec malice. S'achevant sur un cantique d'un profond recueillement, le recueil est défendu avec une délicatesse enchanteresse.

Enfin, la Suite de La Belle au bois dormant confronte Trifonov à la géniale transcription de Pletnev (et à son legs interprétatif). Le cadet retrouve les fulgurances de l'aîné dans un Prologue incendiaire, où son investissement total et un instrument métamorphosé en grand orchestre provoquent un véritable vertige sonore. Qu'il s'agisse de l'éclat de Vision, de l'espièglerie de la Fée Argent ou de l'inquiétude sourde du Chat botté et la Chatte blanche, l'artiste russe excelle. Le sommet expressif est atteint dans l'Adagio, où le chant s'enfièvre progressivement jusqu'à l'embrasement. Conclusion magistrale pour un disque qui fera date.

Bertrand Boissard




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