251111 - MUS QZD - ANNA GENIUSHENE - ŒUVRES DE BRAHMS, BERG, CHOPIN, TCHAÏKOVSKI ET SCHUMANN

 





251111 - MUS QZD - ANNA GENIUSHENE - ŒUVRES DE BRAHMS, BERG, CHOPIN, TCHAÏKOVSKI ET SCHUMANN








ANNA GENIUSHENE

PIANO

« Œuvres de Brahms, Berg, Chopin, Tchaïkov-ski et Schumann »

Fuga Libera.

BRAHMS – Sonate op. 1.

BERG – Sonate op. 1.

CHOPIN – Rondo op. 1

TCHAÏKOVSKI – Deux pièces op. 1

SCHUMANN – Variations Abegg op. 1






TECHNIQUE : 3,5/5

Enregistré par Maximilien Clup au studio Teldex de Berlin en juillet 2024. Une image de piano très tonique, avec, malgré un léger halo sonore, des attaques franches qui tendent parfois à une certaine dureté dans les forte, ou des aigus légèrement agressifs pour une écoute au casque.





Quittant l'univers onirique de la berceuse, thème d'un précédent album chez Piano Classics, Anna Geniushene se jette avec enthousiasme dans les jeunesses foisonnantes d'une poignée de compositeurs majeurs du XIX° siècle. L'idée en soi est géniale : en réunissant les Opus 1 de Chopin, Tchaïkovski, Schumann, Berg et Brahms, le récital trace non seulement les points de départ de ces plumes célèbres mais aussi les différentes approches esthétiques qui feront toute la richesse de l'époque romantique.

Le mérite revient surtout à la pianiste, qui ne voit dans ces premiers ouvrages rien de juvénile, mais des univers inspirés qu'elle restitue avec vitalité et éloquence. Le Rondo de Chopin, sorti de l'imaginaire d'un adolescent de quinze ans, n'est guère une simple démonstration technique. Il se nourrit d'une densité surprenante, presque beethovénienne, pour livrer une véritable narration dramatique. Les arabesques élégantes s'emparent ainsi d'une puissance d'expression merveilleusement livrée par un jeu plein de trouvailles et de précision. C'est avec une même maîtrise de toucher que la médaille d'argent du Concours Van Cliburn 2022 s'attelle aux Deux Pièces de Tchaïkovski dont l'écriture orchestrale, très charnue, demeure toujours lisible et lumineuse, jusqu'à évoquer le ballet à travers une panoplie de nuances et d'articulations.

Si la première partie du programme s'achève sur les irrésistibles Variations Abegg, celles-ci revêtues de reliefs audacieux sans encore chercher l'extravagance d'une Lise de la Salle, la seconde s'éloigne de la brillance initiale pour peindre des paysages bien plus vastes et impalpables. Ainsi, le jeu de l'interprète semble s'enrichir de dimensions jusqu'alors dissimulées, telle la démarche tragique apportée à la Sonate de Berg, amplifiée par la noirceur et l'expressivité des dissonances.

Dans la Sonate de Brahms, l'artiste se montre magistrale par sa conception de l'architecture et son déploiement d'une narration épique. L'urgence du discours, mêlé de lyrisme envoûtant, rappelle la référence laissée par Katchen tandis que l'intensité poétique rivalise avec celle d'un Kantorow. Pourtant, la proposition d'Anna Geniushene échappe à la comparaison tant elle est complexe, réfléchie, intègre. Cet album époustouflant l'impose au premier rang des pianistes d'aujourd'hui.

Melissa Khong



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

250607 - CIN FIL - ARTE - « POURQUOI PAS » - DE COLINE SERREAU

250213 - CIN FIL -ARTE - « UN JOUR J'AURAI UNE ÎLE » - DE VINCENT WEBER

250811 - CIN FIL - ARTE - « DON'T COME KNOCKING - DE WIM WENDERS