251120 - MUS QZD - TCHAÏKOVSKI - SYMPHONIES N°4, 5 ET 6 - ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE LENINGRAD, EVGUENI MRAVINSKI

 





251120 - MUS QZD - TCHAÏKOVSKI - SYMPHONIES N°4, 5 ET 6 - ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE LENINGRAD, EVGUENI MRAVINSKI







PIOTR ILYTCH TCHAÏKOVSKI

1840-1893

« Symphonies n°4, 5 et 6 "Pathétique" »

orchestre philharmonique de Leningrad, Evgueni Mravinski

CD.

TCHAÏKOVSKI – Symphonie n°4

TCHAÏKOVSKI – Symphonie n°5

TCHAÏKOVSKI – Symphonie n°6 "Pathétique"




Nous sommes à l'automne 1960, entre le vol de Spoutnik 1 et celui de Gagarine. Depuis plusieurs années déjà, un relatif dégel entre l'URSS et les États-Unis permet à certain des meilleurs artistes sociétiques de se produire de notre côté du Rideau de fer, comme Guilels et Oïstrakh qui font tous deux leurs débuts américains en 1955. Pour le régime, le bénéfice est double : prestige culturel et soft power d'un côté, rentrée de devises sonnantes et trébuchantes de l'autre.

Malgré des contraintes logistiques plus importantes (c'est qu'il faut bien surveiller tout ce petit monde pour l'empêcher de céder aux sirènes impérialistes ...), les orchestres russes ne sont pas en reste. Evgueni Mravinski, qui règne sans partage sur le Philharmonique de Leningrad depuis 1938, emmène ainsi ses troupes à Vienne en 1956, et quatre ans plus tard, une nouvelle tournée les entraîne jusqu'à Londres en compagnie, excusez du peu, de Mstislav Rostropovitch, Guennadi Rojdestvensji et Dimitri Chostakovitch. Mais entre-temps, une nouvelle révolutioon est en marche : celle de l'enregistrement stéréo qui donne aux ingénieurs du son occidentaux une sacrée longueur d'avance sur leurs homologues soviétiques.

Avec la bénédiction du maestro, les trois dernières symphonies de Tchaïkovski captées par DG en mono lors de la tournée viennoise de 1956 (Mravinki y partageait alors la baguette avec Kurt Sanderling) sont donc refaites, au Wemblay Town Hall, en septambre 1960 pour la 4°, et au Musikverrein de Vienne en novembre pourles deux suivantes. Symbole d'une communauté d'âmes entre un compositeur et son interprète mettant tous deux leur cœur à nu, ces lectures incendiaires allient concentration extrême, rigueur formelle, bouillonnement poétique, liberté de l'instant, science des dynamiques et vivacité à toute épreuve. Soixante ans plus tard elles n'ont rien perdu de leur force ni de leur intensité. Mieux, eles ont fixé un standart dans l'interprétation de ce répertoirre qu'aucun chef ne peut se permettre d'ignorer. Il y a aussi la sonorité de cette phalange, avec ses cordes en acier trempé, ses bois si fruités, ses cuivres altiers à en faire trembler les murs (le thème du destin dans la Symphonie n°4), qui rendent ces gravures immédiatement reconnaissables.

Cette âpreté et ces contours incisifs sont mis au service d'une vision sombre, souvent désespérée, culminant naturellement dans le finale perdu d'avance de la « Pathétique ». Cete haute exigende fait, en même temps, ressortir toute la modernité d'un Tchaïkovski alors souvent traité avec condescendance à l'Ouest, et qui devient ici l'un des dignes précurseurs de Mahler, Sibélius ou Chostakovitch. Le charme et la légèreté ne sont pas absents pour autant comme l'attestent des valses au parfum entêtant ou des passages endiablés à la féerie toute mendelssohnienne. Finalement, c'est moins la discipline (impressionnante!) que le sentiment d'évidence et de soncérité qui rend ces enregistrements si attachants et que des dizaines d'écoutes ne parviendront jamais à émousser.



Laurent Muraro




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