251203 - MUS DIA IND - 185 - JANACEK - TARASS BOULBA & AUTRES ŒUVRES – KAREL ANCERL ET AUTRES INTERPRÈTES

 

 

 

 

 

251203 - MUS DIA IND - 185 - JANACEK - TARASS BOULBA & AUTRES ŒUVRES – KAREL ANCERL ET AUTRES INTERPRÈTES

 

 

 

Approchant la cinquantaine au début du XX° siècle, Léos Janacek pénètre les secrets de la langue populaire tchèque, sensible à ses couleurs, ses accents, ses inflexions, pour approfondir, enrichir son propre langage musical. Cette expressivité nouvelle saute aux oreilles dans la Sonate pour piano « I.X.1905 », écrite sous le choc que provoqua sur cet esprit hypersensible l’assassinat d’un manifestant dans les rues de Brno.

La juxtaposition de motifs isolés, la désintégration de la mélodie sous les à-coups ; les brusques changements de rythme et de dynamique traduisent avec une saisissante « vérité » l’effroi et la douleur. L’émotion est si considérable, si personnelle, que l’auteur fait disparaître la partition au lendemain de sa création – mais deux des trois mouvements ont survécu grâce à une copie réalisée par leur premier interprète. « Le son pur », confiera Janacek en 1924, « ne signifie rien tant qu’il ne se trouve pas dans la vie, dans le sang ». Densité de la note, intensité, relief, urgence : Rodolf Firkusny fixe, dès 1953, une version superlative.

Ce n’est plus dans la rue mais à la campagne que nous entraîne le Concertino (1925). D’un trait toujours aussi vif et aiguisé, le pianiste, entouré cette fois par deux violons, un alto, une clarinette, un cor et un basson du Philadelphia Orchestra, croque trois saynètes animalières : un hérisson voulant rejoindre son terrier, un écureuil cherchant vainement à fuir, des chants d’oiseaux nocturnes. Le quatrième volet synthétise les trois précédents.

 

Tragédies

Composé entre 1915 et 1918, Tarass Boulba évoque, à travers le chef cosaque célébré par Gogol, la volonté du peuple tchèque de » s’affranchir du joug autrichien. Après avoir tué son fils cadet Andreï parce qu’il a préféré l’amour aux combats (I), puis avoir perdu son ainé Ostap, exécuté par l’ennemi au terme d »’une terrible marche au supplice (II), lui-même expire au bûcher (III) dans une atmosphère de grandiose mysticisme orthodoxe. C’est dans une Tchécoslovaquie indépendante, en 1921, que l’œuvre est créée. En 1961, c’est bien dans un pays sous la botte soviétique que Karel Ancerl déroule la fresque.

Avec son Quatuor à cordes n°1 (1923) placé sous le signe d’une nouvelle de Tolstoï (La Sonate à Kreutzer), Janacek peint, à peine masquée, sa passion vaine mais dévorante pour une femme mariée de trente-huit ans sa cadette. On peut compter sur les Smetana (dans leur première gravure, plus rare) pour rendre le tragique de la situation, depuis le tendre portrait, triste puis désespéré de l’être aimé (I et IV), jusqu’à la séduction (II), en passant par l’impossibilité d’un amour (flotte le souvenir de la Sonate n°9 de Beethoven) auquel fait face la violence de l’époux. ■

François Laurent

 

 

 





 

 

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

251117 - CIN FIL - ARTE - « PATRICK » - DE GONÇALO WADDINGTON

250607 - CIN FIL - ARTE - « POURQUOI PAS » - DE COLINE SERREAU

250213 - CIN FIL -ARTE - « UN JOUR J'AURAI UNE ÎLE » - DE VINCENT WEBER