250206 - MUS QZD - MOZART - AIRS DE CONCERT - REINOUD VAN MECEHLEN

 





250206 - MUS QZD - MOZART - AIRS DE CONCERT - REINOUD VAN MECEHLEN






WOLFGANG AMADEUS MOZART

1756-1791

« Airs de concert »

Reinoud Van Mechelen (ténor et direction), A nocte temporis.

ALPHA.

MOZART – Airs de concert

MOZART – Mitridate.






TECHNIQUE : 4,5/5

Enregistré en décembre 2023 à l'Amuz d'Anvers, par Aline Blondiau. Rayonnant dans un espace ample, la voix s'épanouit sans la moindre contrainte. L'ensemble instrumental, formant un plan distinct, lu offre un écrin d'une parfaite cohésion.





Depuis 1970 et les albums mémorables de Werner Hollweg (Philips, inédit en CD) et surtout Jozsef Réti (Hungaroton, une référence), les airs de concert que Mozart composa pour ténor ont rarement rempli un disque. Diversement d('ailleurs : quoi de commun entre le tempérament éruptif de Rolando Villazon (2013, DG) et le style châtié de Christoph Prégardien avec Sigiswald Kuijken (1988, Virgin) puis Mechi Gaigg (2001, CPO) ? C'est dans la lignée du second que s'inscrit Reinoud Van Mechelen, lui aussi avec instruments anciens, et pourtant l'écoute révèle rapidement les limites du parallèle.

Prenez les treize minutes de Se al labbro mio non credi, écrit par le grand Raaff (créateur d'Idomeneo) et dont la dilatation, exempte de théâtre et des ombres de Misero ! O sogno, est ardue à soutenir. Prégardien optait en 1988 pour une élégance compassée, au coloris étroit, et en 2001 pâtissait d'un accompagnement rêche et hâtif. Mais ici ! Jamais cet air ne s'est déployé aussi amoureusement, juvénile, pénétrant, imaginatif sans perdre sa longueur de ligne, l'ornementation superbement sentie du da capo élargissant encore le champ de ses grâces, dans un dialogue intime avec les voix d'A note temporis.

La poésie du disque tient en effet à cette vie délicate, enveloppante, unitaire, que respire l'ensemble conduit par le chanteur lui-même, quand l'absence d'âme ou l'inertie de l'orchestre forme l'ordinaire talon d'Achille de ce répertoire au disque. Relances du discours sans ostentation, touche exquise des flûtes (KV 209), contrechants aux bois (KV 432), mariage inespéré de la finesse et du faste (KV36), chaque air trouve son climat exact. Fort d'un cantabile qui pourtant est toujours parlant (oublions certaines voyelles trop fermées), le ténor excelle sans coup férir dans la noblesse érotique (Per pietà non ricercate) comme dans la raillerie, souveraine : quelle joie dans Con ossequio, faisant surgir un visage, un œil !

La familiarité des musiciens avec une esthétique de cour plus ancienne profite aux airs de 1745-1766, qui n'avaient guère sonné avec tant de souplesse, de distinction persuasive (le KV 36 !). Dans Va dal furor portata, la légèreté de l'émission, le délié de la vocalise n'empêche pas le juste poids, la variété du timbre et de l'expression. Et si le caractère volontairement vulnérable d'un Misero ! O sogno, moins théâtral et mûr que chez d'autres, pourrait faire désirer un sostenuto plus constant, Van Mechelen dispense partout les nuances d'une langue couleur d'âme, sans rien émietter. En témoigne, en tête du programme, cet air d'entrée de Mitridate qui ne nous console peut-être pas de quelques airs absents (le KV 490 ...), mais où le pari d'un chant d'abord invocatoire, plus sacré que tragique, admirablement dominé, ravit. Un grand disque mozartien.

Jean-Philippe Grosperrin




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