250527 - MUS QZD - DÉSIRÉ-ñMILE INGHELBRECHT - « THE COMPLETE ERATO RECORDINGS »

 





250527 - MUS QZD - DÉSIRÉ-ñMILE INGHELBRECHT - « THE COMPLETE ERATO RECORDINGS »






DÉSIRÉ-ÉMILE INGHELBRECHT

Chef d'orchestre

« Désiré-Émile Inghelbrecht, The Complete Erato recordings »

Erato (16CD).







CLAUDE DEBUSSY

(1862-1918)

« La mer & Jeux »

Orchestre national de la Radiodiffusion française, Désiré-Émile Inghekbrecht.

Erato.

DEBUSSY – La mer

DEBUSSY - Jeux





Inghelbrecht, l'héritier


Splendide surprise ! Warner publie 16 CD consacrés au legs de Désiré-Émile Inghebrecht, témoin musical de première main d'une tradition debussyste. Mais pas seulement.










Le nom de Désiré-Émile Inghebrecht (1880-1965) est entouré d'une aura mythique qui repose sur quatre piliers : tradition, Debussy, rareté et longévité.

La longévité du chef lui a permis d'être documenté dans les années 1950 (9 CD de studio) en ayant eu, dès le tournant du siècle, une activité musicale à haut niveau. Fils de musicien, Inghelbrecht intègre l'orchestre de l'Opéra de Paris en 1896. Un ami l'entraîne aux premières représentations de Pelleas et Mélisande en 1902 : coup de foudre.

Fait chef en 1904, il dirige l'Orchestre Pasdeloup, mène épisodiquement l'Opéra-Comique, et fonde l'Orchestre National qui deviendra celui de la Radiodiffusion, son grand accomplissement. C'est donc un vrai personnage de notre histoire et de notre tradition musicale. Il est fascinant, passionnant et révélateur d'écouter Inghelbrecht car il est « l'homme qui a vu l'ours ». Son intérêt pour Debussy le conduit évidemment à le diriger et, de fil en aiguille, le rencontrer et devenir son ami. « Debussy [...] nous donna des conseils, que nous ne devions jamais oublier, sur l'interprétation du Faune, des Nocturnes, de La Demoiselle élue, d'Ibéria. »



« Ne jamais oublier »



« Inghel », comme l'appellent ses amis, ne les oubliera pas. Il suffit de comparer les Nocturnes de 1953 pour Ducretet-Thomson avec ceux gravés pour Pathé en 1932 et 1934, que renferment les 5 CD réunissant les 78 tours enregistrés entre 1929 et 1934.

L'évocation, ici, de Ducretet-Thomson nous fait toucher au dernier pilier du mythe : la rareté. L'existence, dans les années 1950, de ce label discographique créé par un fabricant de radios et d'électrophones se révéla fugace et les microsillons produits, devenus introuvables, allaient s'échanger à prix d'or entre collectionneurs.

Ducretet-Thomson avait eu l'idée géniale de faire enregistrer Debussy et Ravel par leurs serviteurs directs : Inghelbrecht (négligé par les grands labels) pour Debussy et Pedro de Freitas Branco pour Ravel. Warner, détenteur de ce fonds (particulièrement exploité par Testament en 2002), publie des archives plus amples qu'imaginé. S'y ajoutent deux LP de live debussyistes (1955-1962), piochés jadis par Erato dans les tiroirs de l'Ina, qui ne justifient guère la désignation d' « Erato Recordings » pour qualifier la somme.

L'enseignement premier n'est pas, comme pour le coffret Warner consacré à Cluytens, l'ivresse de la redécouverte des couleurs orchestrales françaises perdues ; il tient beaucoup à un contact étroite avec un style précis et cohérent. Le Debussy d'Inghelbrecht, travaillé avec Debussy, ne s'appesantit jamais, ni dans les tempos, ni, surtout, dans les transitions. Il y a une volonté de tracer un chemin musical avec droiture, corroboré chez Ravel (abord de la coda du Jardin féérique, « désensualisée » et négociée en 1955 comme en 1929). Parmi les grands interprètes connus et documentés, c'est à Paul Paray que l'on pense le plus.

L'héritage debussyste ici réuni est capital : Nocturnes, La Mer, Image, Faune, La Demoiselle élue, L'Enfant prodigue, Le martyre de saint Sébastien, Jeux, notamment, plusieurs fois à trente ans d'écart. Un ensemble patrimonial qu'il convient de compléter par l'un des deux Pelléas « non officiels » (capté à la BBC avec Maurane et Danco en 1951, publié par Testament, ou à la RTF avec Jansen et Grancher en 1962, réédité par Naïve).

Nous disposons enfin in extenso du programme Berlioz, Gounod, Lalo (Symphonie espagnole avec Devy Erih) gravé à Paris avec le London Philharmonic rentré d'une tournée russe. Nous redécouvrons aussi, parmi les vieilles cires, Inghelbrecht compositeur (Nursery).

L'exemple d'un chef-d'œuvre interprétatif : le Prélude à l'après-midi d'un faune, avec la flûte si naturellement poétique de Fernand Dufrène. La curiosité suspecte : cette Fête des colonies d'Elsa Barraine pour l'Exposition universelle de 1937. Le bémol : les prestations chorales et parfois vocales, comme la soprano de la Chanson de Solveig, portent leur âge. Le nanar, car il en faut un : ce Prélude et mort d'Isolde en 1929 où, à l'écoute des vents, les oreilles sensibles en prendrons pour leur grade.



Christophe Huss




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